Mon parcours avec la fiction a été long – allant des jours tranquilles de l'enfance ainsi que de la période d'exploration et de vigueur de la jeune virilité à l'étape stable et florissante de la fin de l'âge adulte. Dans mon engagement avec la fiction, j’ai éprouvé de la joie et de la lumière, mais j’ai aussi souffert d’une tristesse inattendue et subi une profonde noirceur. Mon parcours a été béni avec des enseignants désintéressés et craignant Dieu, mais il a également été remis en question par des professeurs absorbés par leur carrière et agnostiques. Tout au long de mon chemin d’Emmaüs, en dépit de ma folie et de ma lenteur à croire tout ce qu’ont dit les prophètes, Jésus a été avec moi, me poussant à une compréhension du rôle de la fiction.

Mon premier engagement avec la fiction a été de nature biblique. J’ai été honoré de la paix de l’enfance et soutenu par des principes fondateurs de la vie. Comme si cela n’était pas à des décennies de là, je me souviens de ma jeune sœur et moi-même, en âge préscolaire, assis ensemble et entourés des bras de notre mère, l’un à gauche et l’autre à droite. Là, nous fredonnions des chants de Sion, mémorisions les Béatitudes et d’autres passages bibliques, et entendions avec étonnement la parabole du fils prodigue et d’autres histoires – toutes racontées dans le style unique de ma mère. Plus tard, cela s’est précisé au cours de mes années de scolarité élémentaire par Naomi Blatch, ma maîtresse à l’école publique1. Encore maintenant, je nous vois tous trottinant vers l’avant de la classe, pour lire, chacun à son tour, des histoires bibliques dans le livre Bible Firsts. Mon esprit réceptif trouvait naturel que les histoires et les héros de la Bible soient les plus fascinants.

Cependant, alors que je continuais mon parcours, tout cela a changé. À l’école intermédiaire, j’ai découvert les mondes des frères Grimm, un paysage peuplé par Hansel et Gretel et assombri par des sorcières et de méchantes belles-mères. Là, j’ai appris à savourer les contes populaires de Jack et le haricot magique, d’ogres et de nains, d’enfants abandonnés et de marraines féériques. Ce monde était étrange. Sa noirceur et son suspens faisaient battre mon cœur et me coupaient le souffle, mais cela a chassé Jésus à la périphérie de mes pensées. Le monde fictif de l’école secondaire se profilait à l’horizon, séduisant ma rébellion croissante – et d’une certaine façon la créant – avec son introduction à une apparente liberté sexuelle dans les ouvrages d’auteurs comme D.H. Lawrence, célèbre pour son roman L’amant de Lady Chatterley et John Updike, connu pour Couples. Alors que je me plongeais dans la fiction, l’utilisant comme une plaque tournante pour ma vie, écrivant mes propres histoires et pièces – dont l’une a été primée – la paix m’avait déserté et Jésus était devenu un faible écho. Pourtant, envoûté par l'étrange force d'attraction de la fiction, je me percevais comme sophistiqué, avant-gardiste et libéré.

Un retour partiel aux premières œuvres de mon enfance m’a fourni quelque peu de stabilité et de satisfaction pendant mes années de premier cycle universitaire dans un établissement adventiste, mais mon voyage avec la fiction, même pendant cette période, a été parfois déroutant. Pendant mes années de licence, un professeur d’anglais chaleureux, et sans aucun doute compétent, a refusé que la fiction immorale figure dans ses cours. Pourtant, il avait conservé des œuvres axées sur l'épopée et faisant allusion à la fantaisie et à la magie. Cependant, il les corrélait fidèlement à la vie, et les contrebalançait avec la Bible. C’est ainsi qu’une nouvelle façon de voir la fiction s’est ouverte à moi, mais quelque chose manquait encore. Malheureusement, le vide n’a pas été comblé par mon programme d’études supérieures qui rendait un hommage obligatoire à Shakespeare et autres sommités de la fiction. En fait, mon malaise s’est approfondi avec l’accent qu’un professeur avait mis sur les fabliaux de Geoffrey Chaucer, contes coquins de maris trompés et d’épouses dévoyées, racontés dans un flot de descriptions non réprimées et de caractère obscène. Révolté par la place donnée à ces contes croustillants dans cette institution adventiste, j’ai rédigé une analyse de plus de 20 pages, intitulée « Les contes du Régisseur et du Meunier de Chaucer : pornographie médiévale ? ». La rédaction de ce travail de recherche a été pour moi cathartique. J’avais nourri la conviction que les rôles de la fiction n’étaient pas seulement de divertir intelligemment les lecteurs et de faire appel habilement à leur appréciation de la beauté, mais aussi de s'adresser à leur moi supérieur avec sagesse et de les élever moralement.

Mon parcours avec la fiction a ensuite pris un tournant décisif. Après l’obtention de mon diplôme, je suis moi-même devenu enseignant de fiction. Fraîchement diplômé et enthousiaste, je me suis retrouvé confronté à un dilemme dans mon alma mater de premier cycle. Enseignerais-je maintenant la fiction avec, éventuellement, le contenu de mauvais goût de mon passé éducatif ? Enseignerais-je plutôt la fiction dans un genre de synthèse, imitant la piste de mon professeur de premier cycle, et filtrant les ouvrages ouvertement dangereux mais conservant ceux que je considérais inoffensifs bien que douteux ? Ou y mettrais-je fin complètement ? Au fil des ans, une conscience qui me narguait et une interaction croissante avec mes étudiants m’ont aidé à répondre à ces questions.

C’est surprenant, mais c’est un étudiant de première année dans un cours de composition qui m’a aidé, par inadvertance, en cours de route. S'opposant à l'une des histoires assignées au cours, il a protesté contre l’apparent dénigrement de Dieu par un personnage blasé de Hemingway alors que, dans ses réflexions, il se moquait de la religion et du Notre Père par de telles phrases « Notre nada qui êtes au nada, que votre nom soit nada... » (Un endroit propre et bien éclairé)2. Cependant, selon moi, le débordement du personnage était né de la désillusion, et nullement obscène ou irrévérencieux. Il n’était que factuel, révélant sa confusion et son désespoir.

L’étudiant, au contraire, le considérait comme dangereux et sacrilège, exprimant une des nombreuses opinions sur les raisons pour lesquelles la fiction ne devrait pas être enseignée dans une école chrétienne. J’ai riposté en m’exclamant que Jésus lui-même utilisait la fiction, et l’avait fait efficacement dans plusieurs de ses paraboles. Plus tard, j’ai honoré le désir de cet étudiant de ne pas lire de fiction en lui donnant des substituts factuels, mais, en privé, j’étais troublé. Son dévouement courageux et sans réserve à ses convictions m’avaient remué. Un étudiant de première année pouvait -il avoir raison, et moi, un enseigné formé par des sommités dans mon domaine, avoir tort ? Mais surtout, était-il utilisé pour me ramener à ce à quoi je m’étais moi-même opposé lors de la lecture des fabliaux de Chaucer en enseignement supérieur ?

L’autre étudiant qui a remis en question mon point de vue sur la fiction était un étudiant de deuxième année de licence dans un cours de littérature de niveau supérieur d'un collègue. Alors que son homologue plus jeune était zélé et fougueux dans l’exposition de ses conceptions, celui-ci était calme et analytique dans son opposition au roman d’Ernest Gaines. Armé de réels passages du roman, il s’est assis dans mon bureau (je suis maintenant directeur du département d’anglais) et ma expliqué son malaise face à son langage offensant, ses situations immorales, et son éventuel effet. Son approche m’a invité à considérer si Dieu approuvait que de tels ouvrages soient enseignés dans son école – et à des jeunes préparés pour le service sur terre et la citoyenneté au ciel. J’ai été touché par son tact et la vérité évidente de son observation – tellement touché qu’en fait, j’ai encouragé mes collègues à éviter d’enseigner de tels titres.

Il y a des années, nous avons repris nos rédacteurs pour avoir préconisé même la lecture de livres tels que La Cabane de l'Oncle Tom, Les Fables d'Ésope et Robinson Crusoë. Ceux qui commencent à lire de tels ouvrages désirent généralement continuer à lire des romans.

Les choses ne se sont pas arrêtées là. Ce jeune homme avait rallumé la flamme qui couvait depuis l’intervention du premier étudiant. J’ai évalué méticuleusement mes propres cours, et j’en ai éliminé tout ce qui allait à l’encontre des conseils bibliques sur l’imagination et la vérité. Je ne pouvais plus essayer de les faire passer pour une nourriture saine destinée à la consommation des étudiants. C’était fini, plus jamais je ne soumettrais les étudiants, au nom de l'art et de la pertinence, à la laideur, à l'agressivité, à la violence et à la sexualité graphique sans honte d'œuvres telles que Le métro fantôme (Dutchman) d’Amiri Baraka, Howl d’Allen Gainsberg et L’œil le plus bleu (The Bluest Eye) de Toni Morrison.

Les Écritures, guidant ma réévaluation, ont pris une clarté et une dimension que j’avais en quelque sorte négligées. David m’a été utile en écrivant : « Je ne mettrai rien de destructeur devant mes yeux ; je déteste le comportement des dévoyés, il ne s’attachera pas à moi » et « le cœur tortueux se détournera de moi ; je ne connaîtrai pas le mal » (Psaumes 101, 3-4)3. Paul m’a aidé en conseillant : « Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole malsaine mais, s’il en est besoin, une bonne parole qui soit constructive et communique une grâce à ceux qui l’entendent » (Éphésiens 4.29). Pour moi, tout est devenu clair quand il a imploré : « Au reste, mes frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est digne, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est moralement bon et digne de louange soit l’objet de vos pensées » (Philippiens 4.8).

J’ai aussi trouvé que les histoires de Jésus étaient extrêmement instructives. En tant que Maître des maîtres, il les racontait toujours dans un but précis – le rétablissement des gens dans la joie, la santé, et l’épanouissement qu’ils auraient pu connaître au commencement des temps. Il soulignait « moi, je suis venu pour qu’ils aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10.10)4. Cette consécration ne l’a pas empêché d’armer ses récits d’un arsenal de procédés littéraires qu’il employait pour captiver l’attention de son public et orner ses histoires du même engagement envers la beauté et la perfection qu’il prodiguait à ses œuvres créées. Ses histoires regorgent de procédés littéraires – personnifications, métaphores, simili, hyperboles, ironie, soliloques, et allusions – et elles vont de la comédie à la tragédie, en passant par l'allégorie et le docudrame – l'utilisation d'événements réels à des fins de narration. Ainsi, la parabole du semeur non seulement éblouit par le génie de Jésus qui utilise une activité bien connue pour illustrer un point en rapport avec la réception de l’Évangile mais aussi pour s’attaquer à la nature multicouches et assaillie de toutes parts de l'esprit humain. Certainement, la parabole du fils prodigue capte de façon poignante la joie d’un père aimant alors qu’il reçoit à bras ouverts son fils meurtri par la vie, mais dans un coup de génie, Jésus laisse la fin de l’histoire entre les mains de son public : comment vont-ils traiter les fils et les filles prodigues de leurs propres cercles ? Se tiendront-ils boudant et condamnant à l’extérieur de la fête de bienvenue, ou se joindront-ils à la joie et les embrasseront-ils puisque voilà… ils étaient morts et ils ont repris vie… ils étaient perdus et ils sont retrouvés (Luc 15.32)5. Tout cela démontre que quand la fiction est employée comme Jésus l’a fait, elle est un outil engageant et instructif pour éclairer et aider la condition humaine. Quand ce n’est pas le cas, cela déprécie et dégrade ce don de Dieu, et rabaisse le public.

J’ai trouvé qu’Ellen White6 – qui a déclaré que ses écrits étaient une petite lumière menant à la grande lumière de la Bible – soulignait et amplifiait cette position sur la fiction. Quand, lors de me conversations avec mes collègues respectés et bien informés, je mentionne mes inquiétudes par rapport à la fiction, je rencontre plusieurs objections. Premièrement, ils maintiennent que Mme White, quand elle parlait de la fiction, protestait contre les romans à deux sous de l’Amérique de la fin du 19e siècle, et non pas de la fiction en général. Deuxièmement, s’il fallait extirper la fiction de nos programmes d’études, nous paralyserions les chances de nos étudiants d’être acceptés dans des universités séculières et nos institutions seraient reléguées au statut de séminaires.

En tout respect, je n’ai pas trouvé d’argument soutenant cette première objection. En fait, déclaration après déclaration de l’Esprit de prophétie, affirment le contraire. Toutefois, quelques-unes de ces déclarations suffiront. Dans Le Foyer chrétien, Mme White a écrit sur les effets délétères des contes, des mythes classiques et des auteurs infidèles. Elle s’est lamentée :

« Le monde est saturé de livres qu’il vaudrait mieux brûler que répandre. Il serait préférable que les jeunes ne lisent jamais ces histoires à sensations qui sont publiées et diffusées pour des raisons essentiellement commerciales…

L’habitude de lire des romans constitue l’un des moyens dont Satan se sert pour détruire les âmes. Elle provoque une excitation artificielle et malsaine, enflamme l’imagination, détourne l’esprit de toute pensée féconde et le disqualifie pour tout exercice spirituel. Elle détache l’âme de la prière et de l’amour du sacré.

Les romans, les récits futiles ou tragiques sont un fléau pour le lecteur. L’auteur peut prétendre en tirer un enseignement moral, et même y introduire des sentiments religieux, mais tout cela ne sert bien souvent qu’à en voiler la folie et le vide7. »

Son opposition à la fiction était claire, large et ferme, même jusqu’à prendre à partie des auteurs comme William Shakespeare et Harriet Beecher Stowe. Dans Manuscript Releases, volume 6, elle déclare :

« Mes frères, reprenons nos esprits. À plus d'un titre, nous nous éloignons de Dieu. Oh, combien j'ai eu honte d'un récent numéro des Signes des temps ! La première page contient un article sur Shakespeare, un homme mort en état d’ébriété quelques jours après une beuverie et qui a perdu sa vie par l’indulgence d’un appétit perverti. Dans cet article, il est dit qu'il a fait de nombreuses bonnes actions. L'homme est glorifié. Le bien et le mal sont placés sur le même plan, et publiés dans un journal que notre peuple utilise pour donner le message du troisième ange à beaucoup de ceux qui ne peuvent être atteints par la Parole prêchée. . .

Lorsque nous donnons le message dans sa pureté, nous n’avons pas besoin d'images illustrant le lieu de naissance de Shakespeare, ni d'images similaires à l'illustration des déesses païennes qui a été utilisée pour remplir l'espace de la première page d'un numéro récent de la Review and Herald. Nous ne devons pas éduquer les autres dans ce sens. Dieu se prononce contre de tels articles et illustrations. J'ai un témoignage direct à leur égard. Nous ne devons louer ni l'idolâtrie ni les hommes qui n'ont pas choisi de servir Dieu. Il y a des années, nous avons repris nos rédacteurs pour avoir préconisé même la lecture de livres tels que La Cabane de l'Oncle Tom, Les Fables d'Ésope et Robinson Crusoë. Ceux qui commencent à lire de tels ouvrages désirent généralement continuer à lire des romans. En lisant des histoires séduisantes, ils perdent rapidement leur spiritualité. C'est l'une des principales causes de la faiblesse et de l'incertitude de la spiritualité de nombre de nos jeunes8. »

Quant à la deuxième objection sur l’importance de la fiction et le fait que son retrait de nos programmes d’études les affaiblirait, Mme White a eu un rêve dans lequel Jésus lui-même a donné de précieux conseils aux éducateurs adventistes. Ces derniers soutenaient vivement l’usage de livres d’auteurs infidèles, les considérant comme nécessaires dans le programme d’études. Cependant Jésus était d’un avis contraire et il leur a expliqué minutieusement sa position :

« Celui qui est et a longtemps été notre instructeur, s'est avancé et a pris en main les livres qui avaient été sérieusement préconisés comme essentiels à l'enseignement supérieur, en disant : "Trouvez-vous chez ces auteurs des sentiments et des principes qui font qu'il est tout à fait sûr de les mettre entre les mains des étudiants ? Les esprits humains sont facilement charmés par les mensonges de Satan ; et ces ouvrages produisent dans l'esprit un dégoût pour la contemplation de la parole de Dieu, qui, si elle est reçue et appréciée, assure la vie éternelle à celui qui la reçoit. Vous êtes des créatures d'habitudes, et si vous n'aviez jamais lu un seul mot dans ces livres, vous seriez aujourd'hui bien plus à même de comprendre ce Livre qui, plus que tous les autres, est digne d'être étudié, et qui donne les seules idées correctes concernant l'enseignement supérieur.

"Le fait que ces auteurs ont habituellement figurés parmi vos livres de cours, et que cette coutume est devenue vénérable avec le temps, ne constitue pas un argument en sa faveur. Cela ne les recommande pas nécessairement comme des livres sûrs ou essentiels. Ces livres ont conduit des milliers de personnes là où Satan a conduit Adam et Ève – à manger de l'arbre de la connaissance que Dieu a interdit. Ils conduisent les étudiants à abandonner l'étude des Écritures pour une ligne d'éducation qui n'est pas essentielle. Les paroles des hommes qui donnent l’évidence qu'ils ne connaissent pas le Christ ne doivent pas trouver leur place dans nos écoles9. »

Dans une conclusion sans appel qui a mis fin indiscutablement au débat, Mme White a rapporté les derniers mots de Jésus : « Le Messager de Dieu prit les livres des mains de plusieurs enseignants, les mit de côté en disant : « Il n'y a jamais eu un moment dans votre vie où l'étude de ces livres était pour votre bien présent et votre avancement, ou pour votre bien futur et éternel10. »

Mon parcours de vie à naviguer dans les eaux turbulentes de la fiction, sous la directive d’un tel conseil biblique et de l’Esprit de prophétie, a pris fin. Je n’accepte plus la fiction et ne la considère plus comme étant instructive, divertissante, inoffensive, ou nécessaire. Au contraire, je la considère maintenant subtilement dangereuse, et bénéfique seulement quand strictement utilisée de la façon dont Jésus a donné l’exemple. Je comprends l’invective de Harry Emerson Fosdick contre une bonne partie de la fiction moderne dans son livre Twelve Tests of Character :

« Nos pères avaient l'habitude d'assister à l'exécution publique de criminels. La théorie était que la vue d'une mort violente en punition d'un crime donnerait une leçon au peuple. Mais cela n'a pas été le cas. Les pénologues ont constaté qu'après les exécutions publiques, les meurtres et les crimes de violence augmentaient. Ils ont découvert que la brutalité engendre la brutalité. En conséquence, nous gardons nos exécutions derrière des portes fermées.

Aussi, est-il d'une imbécillité flagrante pour nous de supposer que notre intérêt pour le sexe, sans honte et avec véhémence, nos drames et romans sexuels, nos films et conférences sur le sexe, et les caricatures sexuelles de la psychanalyse, avec toutes leurs informations, contribuent à assainir la vie de notre jeunesse. Leur effet n'est pas nettoyant mais grossier. Ils n'éveillent pas l'aspiration à la pureté, ils habituent l'esprit à l'impureté. Nous ne pouvons pas laver notre linge dans de l'eau sale11. »

Pourquoi devrions-nous nous exposer, et exposer nos étudiants impressionnables, aux œuvres d’écrivains qui souvent étaient eux-mêmes débauchés et en recherche, incapables d’être au contrôle de leurs propres conduites ? Pourquoi ne devrions-nous pas tenir compte de la repentance tardive de plusieurs qui, comme Chaucer12 et Bocaccio13 ont rejeté le contenu immoral de leurs écrits ? Plutôt que d’accepter la fiction, ne devrions-nous pas tenir compte du jugement biblique quand il affirme : « À la loi et au témoignage, si on ne parle pas ainsi, c’est qu’il n’y aura pas d’aurore pour le peuple » (Ésaïe 8.20) ? Il n’y a jamais eu de temps sûr où les enseignants chrétiens pouvaient patauger dans la fiction dans leurs salles de classe et dans leur vie privée, mais cela est doublement dangereux pour nous « sur qui la fin des temps est arrivée » (1 Corinthiens 10.11). Nous sommes les lettres de recommandation de Dieu « connue(s) et lue(s) de tous » (2 Corinthiens 3.1-2)14. Nous ne pouvons donc risquer de souiller une partie quelconque de notre vie par des gribouillages d’origine satanique. Lumière du monde et sel de la terre, nous devons recommander et proclamer une littérature qui éclaire et purifie. En bref, nous devons être occupés aux affaires de notre Père faisant tout ce que nous pouvons pour aider à la guérison d’un monde brisé et en souffrance – et tout cela débute dans notre vie personnelle et dans la salle de classe.


Cet article a été révisé par des pairs.

Derek C. Bowe

Derek C. Bowe, Ph.D., est professeur d'anglais et de langues étrangères à l'université Oakwood de Huntsville, en Alabama, aux États-Unis. Il a enseigné la littérature à Oakwood pendant plus de 30 ans et a également occupé le poste de directeur du département. D. Bowe a obtenu son doctorat en anglais à l'université du Kentucky et a publié et présenté de nombreux articles sur divers sujets liés à la langue et à la littérature anglaises.

Référence recommandée :

Derek C. Bowe, “La Biblia, Elena White y la ficción: La experiencia de un docente”, 82:1 (Enero-Marzo 2020)

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Avant les arrêts de la Cour suprême des États-Unis en 1962, la prière et la lecture de la Bible étaient des pratiques courantes dans les écoles publiques américaines. Voir Frank McGee, Supreme Court Rules Against Requiring Prayer in Public Schools, NBC Learn K-12 (June 17, 1963): https://archives.nbclearn.com/portal/site/k-12/flatview?cuecard=3006.
  2. Ernest Hemingway, A Clean, Well-lighted Place, (1933) : https://pdf4pro.com/view/a-clean-well-lighted-place-1933-url-der-org-34c66.html.
  3. 4. 5. Citations tirées de la Nouvelle Bible Segond, 2002.
  4. Les écrits d’Ellen White sur la fiction ont de nombreux contextes. Certaines de ses lettres sur le sujet ont été écrites pendant la période où les universités adventistes étaient en train de créer des programmes d’études qui ne s’appuyaient pas sur la tradition classique des études grecques et latines. D’autres lettres ont été écrites au 19e siècle aux imprimeries adventistes telles que Pacific Press en Californie et la Review and Herald à Battle Creek, qui toutes les deux acceptaient des documents de fiction pour l’impression. Pour plus de déclarations d’Ellen White sur la fiction, voir Keith Clouten Ellen White and Fiction : A Closer Look, The Journal of Adventist Education 76 :4 (avril-mai 2014) 10-14 http://circle.adventist.org/files/jae/en/jae201476041005.pdf. Pour plus d’information sur les programmes d’études dans les premiers collèges adventistes, voir Floyd Greenleaf, In Passion for the Word (Nampa, Idaho: Pacific Press, 2005), 80-103.
  5. Ellen G. White, Le foyer chrétien, p. 398, Éditons SDT, 1978.
  6. Ellen G. White, Manuscripts Releases, 1897, (Silver Spring, Md.: Ellen G. White Estate, 1990), 6: 279,280. Les italiques sont fournis.
  7. Ibid., The Bible in Our Schools, 263,264.
  8. Ibid.
  9. Harry Emerson Fosdick, Twelve Tests of Character (New York: Harper & Brothers, 1923), 44. Voir également les recherches comparatives récentes montrant que les taux de meurtre dans les États où la peine de mort est appliquée sont plus élevés que dans les États où elle ne l'est pas, ce qui, dit-on, confirme l'observation de Fosdick : Centre d'informations sur la peine de mort (mise à jour 2020) : https://deathpenaltyinfo.org/facts-and-research/murder-rates/murder-rate-of-death-penalty-states-compared-to-non-death-penalty-states. Le point de vue de Fosdick, cependant, est que la vision répandue de l'immoralité sexuelle crée une dégradation supplémentaire, tout comme l'exposition délibérée à des pendaisons publiques conduit involontairement à plus de brutalité.
  10. À la fin des Contes de Canterbury, Geoffrey Chaucer fait une confession stupéfiante, apparemment écrite quelques temps après la date de publication originale du poème. Il y recherche « la miséricorde de Dieu » et les prières de ses lecteurs pour ses « traductions et compositions de vanités mondaines » comme Troilus et Criseyde, les Contes de Canterbury (plus précisément « ceux qui tendent au péché »), et Le parlement volatil. Il remercie Jésus, Marie et « tous les saints du ciel » pour ses œuvres de non-fiction comme « la traduction de la Consolation philosophique de Boèce, et d'autres livres de légendes de saints, et les homélies, la morale et la dévotion ». (Voir le site de l'université de Harvard, Geoffrey Chaucer, "10.2 Chaucer's Retraction" [2018] : https://chaucer.fas.harvard.edu/pages/chaucers-retraction-0.
  11. Devenant de plus en plus religieux dans ses vieux jours, Giovanni Boccaccio a dû être persuadé par son ami Pétrarque « de ne pas brûler ses propres œuvres et vendre sa bibliothèque ». (Voir Umberto Bosco, Encyclopedia Britannica, "Giovanni Boccaccio : Poète et érudit italien" (modifié en janvier 2020) : https://www.britannica.com/biography/Giovanni-Boccaccio.
  12. 2 Corinthiens 3.1-2, Nouvelle Bible Segond, 2002.