John Wesley Taylor V

EN QUÊTE DE LA VÉRITÉ

La recherche est une enquête systématique, fondée sur la collecte et l'analyse d'informations conçues pour développer ou contribuer à la généralisation des connaissances1. Alors que la recherche est fondamentalement une recherche de nouvelles connaissances, ces connaissances devraient aussi être dignes de confiance, être une honnête et exacte réflexion de la réalité2. Voilà pourquoi les chercheurs s’efforcent de minimiser les faux positifs et les faux négatifs3, et pourquoi ils tentent de trianguler.  Il s’ensuit que la recherche est ultimement une quête de la vérité, de connaissances fiables – pas de la Vérité avec un V majuscule mais certainement de ces dimensions de la vérité qui sont accessibles dans nos limites humaines.

La quête de ce qui est vrai

Lors du procès de Jésus, Pilate a posé une question clé : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jean 18.38, NBS). Si nous devions poser cette question, ou son équivalent équivalent « Comment savoir ce qui est vrai ? », à un échantillon représentatif de la société contemporaine, nous rencontrerions toute une gamme de réponses : « Cela fait longtemps que c’est comme ça ». « Tout le monde est d’accord. » « Ça a l’air évident. » « J’y tiens beaucoup. » « C’est certainement raisonnable. » « Tout s’emboîte. » « C’est elle l’experte et elle devrait certainement savoir. » « Ça marche, tout simplement ! »

Il s’ensuit que la recherche est ultimement une quête de la vérité, de connaissances fiables – pas de la Vérité avec un V majuscule mais certainement de ces dimensions de la vérité qui sont accessibles dans nos limites humaines.

Nous devons cependant reconnaître que chacun de ces critères pour déterminer la véracité présente des limitations inhérentes. Par exemple, chaque tradition doit avoir un commencement. Comment la première personne a-t-elle su ce qui était vrai ? Même si je crois fermement que quelque chose est vrai, que se passe-t-il quand deux personnes croient fermement la même chose mais de manière opposée6 ? Tout peut s’emboîter magnifiquement, mais que se passe-t-il quand quelqu’un a commencé par une fausse prémisse et s'est ensuite assuré que chaque ajout s'emboîtait parfaitement7? Qui sera l’autorité ? Et après tout, comment le savoir8 ?

Nous pouvons peut-être sympathiser avec la situation difficile de Thomas et s’exclamer : « Nous ne savons pas où tu vas 9! » Mais avant de se dépêcher d’éliminer un quelconque des critères ci-haut nommés, nous devrions noter que chacun a sa valeur et peut contribuer à une meilleure compréhension de la vérité10. Cependant, le fait est qu’aucun d’eux ne peut garantir la vérité.

Qu’en est-il de la recherche scientifique ?

L'un des critères les plus répandus est celui de la preuve empirique11. Cette approche est exprimée fréquemment dans des énoncés tels que : « C’est appuyé par la recherche » et « c’est scientifiquement solide ». La recherche, avec sa méthodologie systématique et ses freins et contrepoids – révisions par les pairs et réplications des résultats – est certainement l'une des voies les plus prometteuses par laquelle nous pouvons nous rapprocher de la vérité.

Cependant, nous serions naïfs si nous ne reconnaissions pas les limites de la recherche. La Bible en souligne plusieurs. Pouvons-nous réellement percevoir ce qu'il y a là-dehors, ou serait-il possible que « nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière confuse » (1 Corinthiens 13.12) ? Par moments, les apparences pourraient-elles être trompeuses (1 Samuel 16.7) ? Les données doivent être interprétées pour devenir significatives (voir Figure 1). Est-il possible pour des gens de revoir les mêmes données et pourtant arriver à des interprétations différentes parce qu’elles ont des visions du monde différentes12 ? Finalement, toutes les preuves sont-elles toujours là ? Se peut-il que ce ne soit que partiellement que nous connaissons (1 Corinthiens 13.9-12), et que cette connaissance partielle nous conduise à des conclusions erronées13 ?

La réponse chrétienne

Quelle est alors la réponse ? Comment savoir ce qu’est la vérité ? Malheureusement, la clameur de la foule a distrait Pilate, et il s’est détourné avant que Jésus ne puisse répondre à sa question. Cependant, comme c’est souvent le cas avec Dieu, en réalité, Christ avait déjà répondu à cette question avant qu’elle ne soit posée quand il avait déclaré : « C’est moi qui suis le chemin, la vérité, et la vie » (Jean 14.6). En conséquence, pour le chrétien, la vérité est une Personne. Plus encore, des heures avant sa rencontre avec Pilate, Christ avait prié : « Consacre-les par la vérité : c’est ta parole qui est la vérité » (Jean 17.17). Ainsi, dans la vision biblique du monde, la Parole, écrite ou incarnée, est la vérité. Cela implique que la connaissance de la vérité est à la fois intellectuelle (apprendre sur Dieu, ses paroles et ses œuvres) et relationnelle (connaître Christ personnellement et expérimentalement).

Quelles sont les implications de ce point de vue pour le chrétien, et particulièrement, pour le chrétien qui s’engage dans la recherche ? Il y a plusieurs concepts fondamentaux :

1. La vérité a son origine en Dieu et non dans l’humanité. Jacques a écrit : « Tout don excellent, tout présent parfait, vient d’en haut ; il descend du Père des lumières » (Jacques 1.17) et Jean ajoute : « La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jean 1.17). Il s’ensuit que les humains ne sont que les récepteurs de la révélation divine de la vérité. Certes, nous pouvons élaborer des interprétations ou des applications de la vérité, mais ultimement, nous ne pouvons créer la vérité. Cela n’implique pas que nous sommes de simples bénéficiaires passifs. Dieu désire que nous découvrions et, parfois, récupérions activement la vérité (Jean 5.39 : Job 12.7 ; Proverbes 2.4,5)

2. La vérité réside en Dieu et Dieu ne change pas. La vérité est stable. La Bible parle du « Dieu de vérité » (Ésaïe 65.16) et affirme que « la   vérité est en Jésus » (Éphésiens 4.21)14. La Bible déclare aussi que Dieu est éternel et immuable avec des affirmations telles que : « Depuis toujours et pour toujours tu es Dieu » (Psaumes 90.2) et « Car moi, le Seigneur, je ne change pas » (Malachie 3.6)15. Il en résulte que la vérité de Dieu est constante, comme le confirme David : « La loyauté du Seigneur est pour toujours » (Psaumes 117.2)16. Il s’ensuit que les principes de la vérité divine sont généralisables à travers le temps, les lieux, et les cas17. L’immuabilité et la transférabilité de la vérité ne suggèrent pas, par contre, que la compréhension humaine de la vérité ne peut pas se développer avec le temps. Par exemple, David était profondément troublé par la souffrance des justes et l’apparente prospérité des méchants18.  Ce n’est que lorsqu’il a pénétré dans le sanctuaire et qu’il a réfléchi à sa signification qu’il a pu entrevoir le tableau d’ensemble de la vérité de Dieu19.

3. Toute vérité est une parce qu’elle vient de la même source. Nous avons noté que la cohérence ne peut pas établir la vérité, étant donné que nous pouvons commencer avec une supposition erronée. Ainsi tout ce qui est cohérent n’est pas vrai. Pourtant, ce qui est vrai est intrinsèquement cohérent, et la vérité sera en harmonie avec elle-même partout et chaque fois qu’on la trouve. Ainsi, les résultats des recherches devraient s'harmoniser avec d'autres exemples de la vérité. S’il semble y avoir contradiction, il y a erreur – par rapport à ce que nous venons juste de découvrir ou dans ce que nous considérions auparavant comme étant vrai. Autrement, les deux déclarations pourraient être vraies (ou possiblement être fausses toutes les deux), l’apparente contradiction révélant un problème avec notre compréhension limitée, et servant d’appel à une étude et une réflexion plus poussées20

4. La vérité est infinie parce que Dieu est infini. À cause de notre finitude, nous ne comprendrons ni n’épuiserons jamais complètement l’étendue de la vérité divine. Les frontières de notre compréhension sont aussi les horizons de notre ignorance. Visuellement, le cercle de nos connaissances est entouré par le vaste univers de ce que nous ne savons pas, et encore moins, ce que nous comprenons. Notre seul contact avec cet univers, quoi qu’il en soit, est à la circonférence de notre cercle (voir Figure 2)21. Quand le cercle des connaissances est petit, la circonférence l’est aussi, et nous pouvons être amenés à croire qu’il ne reste que quelques petites choses que nous ignorons encore. Alors que la surface du cercle s’agrandit par l’apprentissage et la recherche, la circonférence s’agrandit également, et nos points de contact avec l’inconnu, de ce fait, augmentent. Par conséquent, plus nous réalisons combien il y a encore de choses à apprendre, plus humbles nous devrions devenir.

5. Nous devrions constamment grandir dans notre connaissance et compréhension de la vérité. Il n’est pas suffisant de rester ancrés dans la vérité. Selon les Écritures, nous devons marcher dans la vérité ( 2 Jean 4 ; 3 Jean 3 et 4). L’acte de marcher indique le mouvement et le progrès. Combien il serait présomptueux alors pour quiconque est en cheminement de déclarer ou agir comme s’il possédait toute la vérité ! Un chrétien ne possédera jamais toute la vérité. Après tout, la vérité de Dieu est infinie, et nous sommes limités. Néanmoins, grâce à l’étude, la recherche, l’expérience, par le biais d’une collaboration avec d’autres chercheurs de la vérité et des directives divines, la proportion d’erreurs devrait commencer à baisser, notre but ultime étant que tout ce que le chrétien possède soit vérité.

6. Parce que Dieu est la source de toute vérité, ultimement toute vérité est vérité de Dieu22. Si quelque chose est vrai (même s’il s’agit de la vérité sur la contrevérité23), c’est une extension de la vérité divine, et nous devons reconnaître cette connexion. Dans la perspective divine, cela est l’objectif fondamental de la recherche et de l’éducation – souligner le lien entre la vérité découverte et sa source. Alors que nous reconnaissons que toute vérité est une manifestation de la vérité ultime de Dieu, nous devons aussi reconnaître que les chrétiens ne possèdent pas le monopole de la vérité.  Les non-croyants aussi découvrent des vérités. Dieu « fait lever son soleil sur les mauvais et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matthieu 5.45)24 parce qu’il « veut que tous les humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2.4). Que des agnostiques et même des athées découvrent d’importantes facettes de la vérité divine ne devrait pas nous surprendre alors !  Y a -t-il une différence entre le chrétien et le non chrétien ? Alors que le non-chrétien peut rencontrer la vérité au cours de son voyage dans cette vie, le chrétien reconnaît et chérit la source de cette vérité.

Acquérir des connaissances dignes de confiance

La question comment obtenir la vérité est particulièrement pertinente dans le contexte de la recherche. Fondamentalement, nous avons la capacité de découvrir des vérités parce que Dieu prend l’initiative de partager des faits et des principes avec nous.  La révélation divine est le canal à travers lequel Dieu révèle la vérité aux humains25.  Néanmoins, la raison, la recherche, la réflexion jouent chacune un rôle clé alors que la foi fait partie intégrante de tout le processus (voir Figure 3)26. Notre capacité de raisonner ainsi que notre compétence à faire des recherches et à réfléchir sur les connaissances et les expériences, sont des dons de Dieu qui nous habilitent à découvrir et à comprendre la vérité. La foi, en retour, est un engagement sincère et inconditionnel à la manifestation divine de la Vérité.

Il existe pourtant un problème. Paul parle de ceux « qui ont changé la vérité de Dieu pour le mensonge » (Romains 1.25). Si la vérité de Dieu ne peut pas être anéantie, elle peut, en fait, être déformée. Quand on observe un objet à travers une lentille déformée, notre perception de cet objet est déformée bien que l’objet n’ait pas changé. Comment survient cette déformation de la vérité ? On peut avancer deux possibilités : elle peut découler de la manipulation directe de la vérité de Dieu par Satan (Actes 16. 16-18)27 ; et, peut-être plus subtilement, notre acceptation d’une vision du monde séculière (2 Corinthiens 4.4) qui garde Dieu en dehors de l’équation. Dans les deux cas, le résultat donne de fausses conclusions sur la révélation de la vérité de Dieu (voir Figure 4).

Cela est tragique. Dieu partage des faits et des principes avec l’humanité, mais les humains arrivent parfois à de fausses conclusions. Y a-t-il un remède ? La bonne nouvelle est que, de nouveau, Dieu est proactif. Il met à notre disposition « l’Esprit de la vérité », et il affirme : « il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16.3)28. Le Saint Esprit – voilà son rôle – détourne les tentatives de Satan de déformer la vérité, et il nous sauve de l’emprise des fausses présomptions d’une vision du monde séculière. Ainsi, nous sommes en mesure d’arriver à de justes conclusions concernant Dieu et sa Vérité (voir Figure 5). Le prophète Ésaïe a écrit : « Quand l’adversaire viendra comme un fleuve, le souffle du Seigneur le mettra en fuite » (Ésaïe 59.19). En conséquence, il est indispensable qu’un chrétien invite le Saint Esprit à être son partenaire de recherche.

Il y a cependant une protection supplémentaire, et c’est la triangulation des croyants. Bien que les sondages de popularité ne déterminent pas la vérité, néanmoins « toute affaire se réglera sur la parole de deux ou trois témoins » (2 Corinthiens 13.1)29. Quand les premiers croyants chrétiens ont eu besoin de décider quelles étaient les questions essentielles, ils se sont réunis, ont discuté et prié, et sous la direction du Saint Esprit, ils sont arrivés à une conclusion (Actes 15.1-31). En matière de recherche, il est également nécessaire que les résultats soient reproduits, que les points de vue soient triangulés, et que, grâce à d’humbles interactions, un consensus se dégage parmi ceux qui sont engagés dans la vision du monde biblique.

Réflexions finales

La recherche est une quête ciblée et systématique de vérité, de connaissances et de compréhension dignes de confiance. Pour sa part, la vérité ne perd rien par un examen attentif, par une enquête minutieuse30. Plus encore, la raison et la foi peuvent être fortifiées par l’examen minutieux de la recherche et raffinées dans le creuset de l'analyse empirique.

D’autre part, nous devons reconnaître que la recherche a des limites inhérentes qui font que même une application prudente de la recherche scientifique n'est pas une garantie de vérité. Bien que nous nous efforcions de sauvegarder la fiabilité de nos conclusions, nous reconnaissons que nous ne pouvons pas arriver à une certitude en se basant sur des données empiriques. Nous ne pouvons jamais déclarer : « La recherche a prouvé que… » ou « La science a vérifié que… » Nous devons plutôt parler en termes d’évidence qui « rend témoignage à la vérité » (Jean 18.37 ; voir aussi 3 Jean 1.12). Chacun de nous doit donc être un modèle d’authenticité et d’humilité. Il s'agit notamment de reconnaître les limites de nos connaissances, d'être honnête au sujet de nos lacunes et d'exprimer que nos conclusions sont approximatives. Cela implique une ouverture à la correction et la passion pour une croissance continue. Cela suggère qu’en tant qu’érudits chrétiens, nous devons nous réunir, sous la conduite de l’Esprit, pour bâtir une communauté dynamique basée sur la Parole et en quête de vérité.

En tant que chercheurs chrétiens, nous devons interagir directement avec les dépositaires de la vérité, révélés dans les Écritures, dans la personne de Jésus Christ, et par la création de chacune de ses dimensions. Par-dessus tout, nous devons susciter la confiance dans la fiabilité de la révélation divine de la vérité – cette Parole plus ferme à laquelle nous faisons bien de prêter attention (2 Pierre 1.19).

En tant que chercheurs chrétiens, nous devons interagir directement avec les dépositaires de la vérité, révélés dans les Écritures, dans la personne de Jésus Christ, et par la création de chacune de ses dimensions. Par-dessus tout, nous devons susciter la confiance dans la fiabilité de la révélation divine de la vérité – cette Parole plus ferme à laquelle nous faisons bien de prêter attention (2 Pierre 1.19). Il reste une dernière chose : Paul nous avertit que les tromperies de Satan séduisent ceux qui vont à leur perte « parce qu’ils n’ont pas accueilli l’amour de la vérité pour être sauvés » (2 Thessaloniciens 2.10). Il ne suffit pas de connaître la vérité. Nous devons aimer la vérité. Qu’est-ce qu’aimer la vérité ? Aimer la vérité c’est vivre la vérité. Nous donnons la preuve que nous aimons la vérité quand nous l’intégrons dans le tissu de nos vies.

Quel en sera le résultat ? « La vérité vous rendra libres » (Jean 8.32). Nous n’avons pas tant besoin de liberté pour découvrir la vérité, que de résider dans la vérité divine pour expérimenter progressivement la liberté – la libération des erreurs, des fausses hypothèses et des interprétations erronées.

À la fin de l’histoire de notre terre, Dieu annonce : « Ouvrez les portes, pour qu’entre la nation juste qui garde la probité (la vérité) » (Ésaïe 26.2). La vérité c’est important.


Cet article a été revu par des pairs.

John Wesley Taylor V

John Wesley Taylor V, Ph.D., EdD, est directeur associé du Département de l'éducation de la Conférence générale à Silver Spring dans le Maryland, aux États-Unis. On peut le joindre à [email protected].

Référence recommandée :

John Wesley V, La recherche et la quête de la vérité, Revue d’éducation adventiste.

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. U.S. Department of Health and Human Services, Code of Federal Regulations 5 CFR 46.102(d), adapté (2009) : http://ori.hhs.gov/education/products/sdsu/research.htm. Le mot « enquête » indique que nous cherchons à répondre aux questions, alors que le mot « systématique » précise que nous abordons le processus de recherche d'une manière intentionnelle et organisée, en utilisant l'approche scientifique, qui comprend souvent une séquence de phases : faire des observations initiales, définir le problème, formuler la question, étudier le connu, articuler une attente, recueillir et analyser des données, interpréter les résultats - particulièrement en référence à l'attente, réfléchir aux résultats et communiquer ensuite ces derniers au milieu scientifique ainsi qu'à la société en général. Le but de la connaissance indique le fait que nous espérons décrire, comprendre ou expliquer quelque chose, tandis que l'aspect généralisable suggère que nous aimerions que nos conclusions aient un sens au-delà de l'immédiat, éclairant d'autres scénarios. (En recherche qualitative, la terminologie la plus courante est la transférabilité.)
  2. Ceci met en évidence la relation entre l'épistémologie et la métaphysique. Pour le chrétien, cependant, la réalité prend une dimension supplémentaire en cherchant à comprendre la réalité telle que Dieu la voit. En ce sens, la vérité peut aussi être considérée comme la fidélité à l'étendard de la Vérité ultime, dont Dieu nous a transmis certains aspects (voir, par exemple, 2 Pierre 1.19-21 et Apocalypse 1.1 et 2). L'utilisation d'une norme, avec la qualité d'ajustement correspondante, souligne l'interdépendance de l'épistémologie et de l'axiologie.
  3. Également connues sous le nom d'erreurs de type I et II dans les tests d'hypothèses statistiques. Un exemple de « faux positif » (erreur de type I) serait un résultat de laboratoire qui indique qu'un patient est atteint d'une certaine maladie, alors qu'en réalité, il n'en est pas atteint. Inversement, un « faux négatif » (erreur de type II) serait un résultat de laboratoire qui indique qu'un patient n'est pas atteint de la maladie, alors qu'en fait, il l'est.
  4. Tous les textes bibliques sont tirés de la Nouvelle Bible Segond, NBS, 2002.
  5. Beaucoup de ces expressions sont représentatives de diverses théories de la vérité, telles que les théories du consensus (« tout le monde est d'accord »), constructiviste (« ça a été mon expérience »), de cohérence (« ça va bien ensemble ») et pragmatique (« ça marche »).
  6. L'émotion peut aussi dégénérer en une simple réalisation de désir : « Cela doit être vrai parce que je l'aime ou que je le veux. » Nous devons néanmoins reconnaître que l'émotion joue un rôle vital dans notre vie. Si nous acceptons que la vérité soit relationnelle, alors elle doit inclure des composantes émotives. Antonio Damasio, dans Descartes’ Error : Emotion, Reason, and the Human Brain (New York : Avon Books, 1994) propose, en fait, que le cerveau humain ne permet pas une enquête rationnelle sans impliquer les centres émotionnels du cerveau.
  7. De plus, est-il possible de forcer la preuve ? Par des coups persistants, pourrions-nous métaphoriquement enfoncer une cheville carrée dans un trou rond ?
  8. Nous pouvons de la même manière reconnaître les limitations des autres positions : La popularité : La majorité a-t-elle toujours raison ? Il fut un temps où toutes les personnes sauf huit croyaient qu'il ne pourrait jamais pleuvoir (1 Pierre 3.20). À une autre époque, presque tout le monde croyait à la génération spontanée, jusqu'à ce que Louis Pasteur (1822-1895) réalise ses expériences démontrant que la vie ne peut venir que de la vie. Si l’on se fiait aux sondages d'opinion pour confirmer la vérité, nous pourrions courir le risque de suivre les caprices des masses ou du groupe qui fait le plus de bruit. L’instinct : Thomas Jefferson, en tant qu'auteur principal de la Déclaration d'indépendance des États-Unis, a écrit que « tous les hommes sont créés égaux » (1776) et a appelé cette idée  « évidente ». Le concept, cependant, n'était pas aussi évident pour le roi George d'Angleterre ou pour les amis de Jefferson qui étaient esclavagistes, ou même pour Jefferson lui-même, également un esclavagiste. Un problème plus profond avec l'approche « suivez votre cœur » est que Jérémie décrit notre cœur comme trompeur et naturellement enclin à l'erreur (Jérémie 17.9). Comment, alors, notre instinct pourrait-il être un guide infaillible ? Le pragmatisme : Quelque chose peut en effet bien fonctionner, mais est-ce nécessairement correct simplement parce que ça fonctionne ? Bien que la publicité trompeuse puisse être efficace, du moins en termes de ventes à court terme, cela ne la rend pas acceptable. La logique : Dans un syllogisme, la véracité de la conclusion dépend de la véracité des prémisses, qui sont souvent difficiles, voire impossibles, à vérifier. Sans l'assurance que nos hypothèses sont vraies, la logique pourrait devenir un moyen de se tromper en toute confiance. Inversement, ce n'est pas parce que quelque chose ne semble pas logique (peut-être parce que nous ne le comprenons pas) que cela l'empêche d'être vrai. Les Écritures, par exemple, présentent des affirmations qui semblent défier la logique humaine : « C’est quand je suis faible que je suis fort » (2 Corinthiens 12.10). « Comme n’ayant rien, quoique possédant tout » (2 Corinthiens 6.10). « Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera » (Marc 8.35).
  9. « Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas ; comment en saurions-nous le chemin ? » (Jean 14.5).
  10. La Bible se prononce positivement sur plusieurs de ces critères : La tradition : « Interroge la génération précédente, je te prie, sois attentif à l’expérience de ses pères » (Job 8.8). La popularité : « Quand l’art de diriger fait défaut, le peuple tombe ; le salut est dans le grand nombre des conseillers » (Proverbes 11.14). La logique : « Il (Jésus) leur répondit : Le soir, vous dites : « Il fera beau, car le ciel est rouge. » Et le matin : « Il y aura de l’orage aujourd’hui, car le ciel est d’un rouge sombre. » (Hypocrites!) Vous savez discerner l’aspect du ciel, et vous ne pouvez pas discerner les signes des temps ! (Matthieu 16.2, 3 ; et aussi 10.29, 31 ; et Actes 18.4). La cohérence : « Ceux-ci (les Béréens) avaient de meilleurs sentiments que ceux de Thessalonique ; ils accueillirent la Parole avec beaucoup d’ardeur, en examinant chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact. » (Actes 17.11).
  11. Dans cette approche de correspondance ou de théorie empirique, les affirmations de vérité sont comparées à la preuve de la réalité, du moins telle que nous la percevons. Dans un sondage mené en 2009 auprès de professeurs de philosophie et de titulaires d'un doctorat en philosophie, par exemple, 48,9 % des 1 803 répondants ont accepté la théorie de la correspondance ou s'y sont ralliés, contre 23,0 % pour la théorie déflationniste, 10,9 % pour la théorie épistémique et 17,2 % pour les autres théories de la vérité (https://philpapers.org/surveys/results.pl ).
  12. Nombres 13 et 14 décrit une situation dans laquelle 12 personnes examinent la même preuve mais deux arrivent à une conclusion très différente de celle des 10 autres.
  13. Karl Popper, l'un des grands philosophes de la science du XXe siècle, a soutenu que la preuve ne peut être revendiquée que si une expérience est répétée un nombre infini de fois dans toutes les circonstances possibles. Dans The Logic of Scientific Discovery (Londres : Routledge, 1992), page 32, Popper dit : « Le jeu de la science est, en principe, sans fin. Celui qui décide un jour que les déclarations scientifiques n'appellent pas d'autres essais, et qu'elles peuvent être considérées comme définitivement vérifiées, se retire du jeu. » Voir aussi la discussion de Popper sur les cygnes blancs et les cygnes noirs aux pages 33 et 83. Disponible à l'adresse suivante : http://s-f-walker.org.uk/pubsebooks/pdfs/popper-logic-scientific-discovery.pdf. La conclusion est que la certitude de toute proposition est tout simplement irréalisable d'un point de vue humain. Les chercheurs parlent donc en termes de possibilités et de probabilités.
  14. Voir Exode 34.6 ; Deutéronome 32.4 ; Psaumes 31.5 ; et Psaumes 25.10.
  15. Voir aussi Hébreux 13.8. Cependant, nous devons être prudents, quand nous affirmons l’invariabilité de Dieu, de ne pas le concevoir comme étant verrouillé dans l’infini, indifférent aux circonstances qui sont les nôtres. Non, Dieu n’est pas « insensible à nos faiblesses » (Hébreux 4.15). Bien que cela soit difficile à saisir, l'immutabilité et l'imminence divines coexistent.
  16. Par conséquent, les êtres humains ne peuvent pas détruire la vérité. Nous pouvons seulement choisir d'accepter ou de rejeter la vérité de Dieu. Le fait que la vérité ne puisse être détruite suggère également que ceux qui l'ont acceptée n'ont pas besoin de passer en mode crise, simplement parce que la vérité a été attaquée.
  17. Par exemple, Psaumes 100.5 déclare que la Vérité divine « est pour toujours ». Cela ne signifie pas que l’application de la vérité ne peut pas varier selon le contexte, mais plutôt que la vérité dans son principe est universelle. Si nous devions aller en Asie, on s’attendrait à ce que nous enlevions nos chaussures avant d’entrer dans un lieu saint. Ailleurs, par contre, entrer pieds nus dans un service religieux serait considérer comme déplacé. Qu’est-ce qui est correct ? Ces deux positions sont des expressions contextualisées du même principe, soit que l’on doit montrer de la révérence envers Dieu. De même, la recherche peut aider à identifier des théories générales, mais l'application de ces principes, comme le montrent les résultats d'une étude, peut suggérer des variations selon le moment, le lieu et la population.
  18.  David a écrit : « J’ai donc réfléchi pour comprendre cela ; ce fut pénible à mes yeux » (Psaumes 73.16).
  19. De la même manière, quand le prophète Daniel a reçu une vision sur les 2300 jours jusqu’à la purification du sanctuaire (Daniel 8.14), il a été  profondément troublé. « Moi, Daniel, je fus plusieurs jours affaibli et malade. (…) J’étais atterré à cause de la
    vision ; je ne la comprenais pas » (Daniel 8.27). En enquêtant sur d'autres périodes de temps de l'Écriture, il a découvert la période de 70 ans de la captivité juive annoncée par le prophète Jérémie (9.1-3). Cela a apporté une plus grande consternation, car il semblait que la période de captivité allait être considérablement prolongée (selon le principe du jour/année), et cela a conduit à la prière de repentance corporative de Daniel (9.4-19). En réponse à cette prière, l'ange Gabriel, qui avait parlé des 2300 jours, est revenu et a dit : « Daniel, je suis sorti, maintenant pour te communiquer l’intelligence. (…) Saisis la parole et comprends la vision » (Daniel 9. 22,23). Puis Gabriel a parlé de nouveau des périodes de temps. Nous avons ici la preuve que la compréhension humaine de la vérité peut être progressive.
  20. Prenons, par exemple, la croyance que la Terre est le centre de l'univers. Le modèle géocentrique était l'explication dominante du cosmos dans de nombreuses civilisations anciennes, sinon la plupart, et a été préconisé par Platon, Aristote et Ptolémée, entre autres. Copernic a fourni le premier défi sérieux au modèle centré sur la Terre quand il a publié son travail sur les révolutions des sphères célestes en 1543, proposant que les planètes, y compris la Terre, tournent autour du Soleil. Les chrétiens, dans l'ensemble, avaient accepté le modèle géocentrique omniprésent et étayé cette position par certains passages bibliques (par exemple, Josué 10.12, 13 ; Habacuc 3.11, 12 ; Psaumes 19.4-6 ; Ecclésiaste 1.5). En effet, lorsque la théorie copernicienne a été proposée, on a fait valoir que ce point de vue contredisait l'Écriture, ou plus exactement, la mauvaise interprétation construite de l'Écriture [voir Barry Brundell, « The New Atheism : Some Pre-history », Compass 47:4 (été 2013) : 30-35].
  21.  Au-delà de ces inconnues qui touchent la circonférence de notre cercle de connaissance, nous ne savons même pas que nous ne savons pas !
  22. Le concept selon lequel « toute vérité est vérité de Dieu » a été noté par Frank Gaebelein dans The Pattern of God's Truth : The Integration of Faith and Learning (Chicago : Moody Press, 1954) et soutenu par Arthur Holmes dans All Truth Is God's Truth (Grand Rapids, Mich. : Eerdmans, 1977). Augustin, cependant, avait déjà soutenu cette idée dans son ouvrage On Christian Doctrine (Whitefish, Mont. : Kessinger Publishing, LLC, 2010), chapitre 18) : « Que tout bon et vrai chrétien comprenne que partout où l’on peut trouver la vérité, elle appartient à son Maître ».
  23. Les déclarations bibliques concernant la tromperie et la fausse représentation sont d'abord exprimées dans le contexte de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse 2.16, 17 ; 3.4), et culminent avec la destruction de Satan, le menteur par excellence (Apocalypse 20.3).
  24. La Bible, NBS, 2002.
  25. La révélation divine inclut la révélation spéciale (les Écritures) et la révélation générale (les œuvres crées de Dieu). Il s’ensuit, que, tant les Écritures que la création (les humains inclus) sont des moyens utilisés intentionnellement par Dieu pour communiquer la vérité (voir, par exemple, la discussion de ces deux révélations - la générale et la particlière - dans le psaume 19). Cependant, notons que le but premier de la révélation de Dieu à travers la nature était de transmettre la connaissance de lui-même et de son plan pour la création. « Le ciel raconte la gloire de Dieu, la voûte céleste dit l’œuvre de ses mains » (Psaumes 19.1 ; voir aussi Psaumes 97.6 ; Actes 14. 15-17). Dieu a mis suffisamment de preuves dans ses œuvres créées que toute personne, quelle que soit sa formation ou son expérience, peut acquérir la compréhension essentielle de Dieu : « En effet, ce qui chez lui est invisible – sa puissance éternelle et sa divinité – se voit fort bien depuis la création du monde, quand l’intelligence le discerne par ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables. » (Romains 1.20).
  26. Anselme, dans le Proslogion, déclare : « Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre. Pour cela aussi je crois, à savoir qu’à moins de croire, je ne comprendrai pas » (Biblioteca Sacra, 8.537). Par conséquent, toutes les personnes vivent par la foi, quelle que soit leur vision du monde, car il y a toujours des hypothèses fondamentales qui ne peuvent être testées par la raison, la recherche ou la réflexion jusqu'au point de certitude. En fin de compte, la question est de savoir en quoi, ou en qui, nous placerons notre foi.
  27.  L'affirmation de la jeune esclave : « Ces gens sont les esclaves du Dieu Très-Haut, ils vous annoncent la voie du salut ». (Actes 16.17) était vraie. Pourquoi, alors, Paul a-t-il réprimandé ? Tout simplement parce que le diable s'efforçait de déformer la vérité de Dieu. Les habitants de Philippes connaissaient bien cette femme - « par ses divinations, (elle) procurait un gain important à ses maîtres » (verset 16). Comme la femme semblait connaître ces étrangers et fournissait des services de marketing gratuitement « depuis plusieurs jours » (verset 18), les gens pouvaient faussement conclure qu'ils appartenaient à la même entreprise.
  28. Voir 1 Jean 5.6 et 1 Corinthiens 2.6-16.
  29. Voir aussi Proverbes 15.22 et 2 Pierre 1.20.
  30. Ellen G. White, Counsels to Writers and Editors (Nashville: Southern Publ. Assn., 1946) 35.