Une des méthodes d’enseignement de Jésus était le travail sur le terrain. Après avoir enseigné à ses disciples les principes de base, il les envoyait dans des endroits éloignés pour faire leur travail et mettre en pratique ce qu’ils avaient appris auprès de lui (Matthieu 28. 16-20 ; Jean 20.21). Le travail sur le terrain consolide les leçons apprises en classe et les applique au monde réel. Dans l’enseignement en ligne, le travail sur le terrain devient plus courant au fur et à mesure que les exigences des programmes d’études sont adaptées pour répondre aux besoins des étudiants à distance.

La préparation des élèves en vue de s’engager dans des expériences de travail sur le terrain peut être un défi puisque le formateur n’est pas physiquement présent pour surveiller et évaluer la performance des étudiants. Enseignante dans plusieurs cours en présentiel avec des composantes sur le terrain, j’ai trouvé difficile, initialement, d’imaginer comment des exigences de travail sur le terrain pourraient être intégrées dans mes cours universitaires en ligne. Il y avait plusieurs questions à examiner : le travail sur le terrain est-il possible dans l’enseignement en ligne ? Le processus sera-t-il le même que celui utilisé pour les méthodes traditionnelles en présentiel ? Comment vais-je m’y préparer ? Quelles seront les responsabilités des étudiants ? Comment saurai-je si les étudiants font vraiment le travail en l’absence de ma supervision physique ? Cet article fournit des réponses à ces questions, réponses glanées lors de mes expériences personnelles et celles d’autres enseignants qui ont intégré le travail sur le terrain dans leurs cours en ligne.

Définition du travail sur le terrain

Le travail sur le terrain, ou l’expérience sur le terrain, est toute tâche que les étudiants réalisent en dehors de la salle de classe et qui leur permet de mettre en œuvre ou de pratiquer ce qu’ils ont appris en théorie. Cela peut impliquer la collecte de données (données primaires ou données d'enquête, observations, etc.) ou l'exécution de tâches pratiques à des fins d'enseignement et de recherche dans le domaine d’étude de l’étudiant1. Hvnegaard note que « la plupart des instructeurs incorporent le travail sur le terrain pour aider les étudiants à comprendre la théorie, développer des aptitudes, intégrer la connaissance, acquérir des connaissances tacites, développer du sens dans les milieux, et travailler avec les pairs et les instructeurs dans d’autres contextes »2.

Les avantages du travail sur le terrain

Éducatrice en santé, j’ai trouvé que les théories de l’apprentissage seules ne sont pas suffisantes pour aider les étudiants dans les cours d’éducation sanitaire ou de santé publique à saisir pleinement les concepts, théories et stratégies sur la façon d’améliorer la santé et la qualité de vie. Quand les étudiants mettent en application la connaissance acquise en classe en situation réelle, ils acquièrent une meilleure compréhension de ces concepts. C’est là que le travail sur le terrain devient important en tant que stratégie pédagogique. Pour les étudiants qui suivent des programmes en ligne qui exigent un travail sur le terrain, cette expérience leur permet de s’immerger dans la communauté où ils peuvent acquérir une expérience de première main dans la conduite de la recherche, analyser les résultats, et développer et mettre en œuvre des stratégies appropriées3.

Bien que le travail sur le terrain présente de nombreux avantages, malheureusement, dans de nombreux cas, d’après Ulovec et coll.4, le travail sur le terrain peut avoir des implications juridiques. C’est la raison pour laquelle, certains programmes en ligne choisissent de ne pas l’inclure dans le programme d’études, et ceux qui le font procèdent avec prudence. McKenzie, Neiger et Thackeray5 ont averti qu’il était nécessaire d'accorder une attention particulière aux questions de sécurité et de responsabilité du risque parmi les participants quand on dirige un travail sur le terrain ou qu'on met en œuvre un programme d’intervention. Le manquement à cette obligation pourrait mener à des amendes et des pénalités légales qui terniraient la réputation de l’école, discréditeraient le programme et exposeraient l’enseignant, l’élève et l’école à des litiges. Certaines préoccupations en matière de sécurité comprennent les préjudices causés aux participants par l'intervention du programme ou la négligence de la part du planificateur du programme. Pour éviter tout cela, les administrateurs des cours en ligne, les formateurs des cours et les superviseurs des divers lieux de travail sur le terrain doivent travailler étroitement avec les étudiants afin de s’assurer que les vérifications de sécurité et le consentement éclairé font partie de la planification et de la mise en œuvre du processus, et que les risques prévisibles sont pris en compte.

Le caractère unique du travail sur le terrain dans les programmes en ligne

Par contre, malgré ces responsabilités, beaucoup de programmes en ligne réussissent à faire participer les étudiants au travail sur le terrain. Lisa Richardson6 a interviewé les directeurs de deux grands programmes en ligne de maîtrise en travail social qui servent des étudiants nationaux et internationaux, concernant les pratiques de travail sur le terrain dans leurs établissements. Les deux écoles ont des milliers d’étudiants dans leurs programmes en ligne à temps plein.

Les deux personnes interviewées ont dit que le volet du travail sur le terrain impliquait plus de rigueur que le programme en personne offert sur le campus. Une école (l’école Hornsby) s’associait avec une compagnie qui identifiait les agences où les étudiants pouvaient faire du travail sur le terrain. L’entreprise partenaire interviewait l’agence envisagée, évaluait les possibilités d’apprentissage disponibles, et contactait les instructeurs sur le terrain potentiels. Une fois les informations nécessaires recueillies, elles étaient transmises à la faculté du programme aux fins d'examen. Si les sites étaient approuvés, les étudiants étaient alors placés dans divers organismes. L’autre école (l’école Gray), par ailleurs, a dit que les étudiants dans leur programme trouvaient leur propre lieu d’accueil pour le travail sur le terrain. La faculté ne fournissait qu’une orientation sur la façon de trouver un organisme ou un établissement communautaire approprié dans lequel travailler ainsi qu’une lettre de recommandation. Les deux écoles communiquaient avec leurs élèves par Skype, appels téléphoniques ou courriels7. Dans ces écoles, et d’autres écoles, le travail sur le terrain est une exigence d'un cours à temps plein dans un programme – 30 heures de participation par semaine pendant 12 à 16 semaines. Dans mes cours, il n’est qu’une des exigences du cours. Ainsi, dans mes cours, le travail réel sur le terrain est à court terme – environ 10 heures par semaine pendant approximativement 3 à 5 semaines.

Les avantages du travail sur le terrain dans les programmes en ligne

Mon cours comportant le travail sur le terrain n’a pas d’agence partenaire qui coordonne le processus de placement. Les étudiants choisissent plutôt la zone ou l’établissement où ils mèneront leur travail sur le terrain. Les étudiants amorcent le processus en identifiant et visitant les établissements ou les agences communautaires dans leurs communautés locales dès la deuxième semaine de leur cours en ligne. On leur demande ensuite de soumettre une liste des emplacements possibles des sites de travail sur le terrain. J'examine le bien-fondé des sélections et je formule des commentaires à leur sujet, soit, dans quelle mesure les services fournis s'harmonisent avec les priorités du cours. La plupart de mes étudiants choisissent de travailler à proximité de leur lieu de travail ou de leur domicile. Voici quelques-uns des avantages et des inconvénients de faire le travail sur le terrain en utilisant cette approche :

1. L’emplacement. La plupart des étudiants arrivent à faire leur travail sur le terrain dans un endroit qui leur est familier, soit dans leur ville natale ou sur leur lieu de travail. Faire un travail dans un endroit où l’on a des connexions sociales et émotionnelles est souvent plus pertinent que de travailler dans un endroit peu familier. Baker et Härtel8 observent que parfois l’incapacité à comprendre la culture ou l’histoire d’un lieu peut affecter la façon dont les gens agissent les uns avec les autres. Il est essentiel d’avoir une connaissance des gens dans un lieu avant d’entrer dans leur espace9. Une relation déjà établie facilite le travail en commun. Cette approche fonctionne bien pour mon cours, par contre, les étudiants ont besoin d’aptitudes qui leur permettront de travailler dans n’importe quel environnement et pas seulement ceux qui leur sont familiers ou proches de leur foyer ou de leur travail. C’est la raison pour laquelle les administrateurs et les formateurs du programme peuvent encourager les étudiants à poursuivre des expériences de travail sur le terrain dans des environnements variés, tant connus qu’inconnus, puisqu’ils auront besoin de ces aptitudes pour entrer sur le marché du travail.

2. La compétence culturelle. Quand ils effectuent leur travail sur le terrain dans un lieu familier, les étudiants ont plus de facilité à communiquer avec la population qu’ils ciblent étant donné qu’ils connaissent la culture ainsi que la langue. L’absence d’interaction avec la population desservie dans l’expérience d’apprentissage peut conduire à l'échec et à une mauvaise compréhension de l'objectif du travail sur le terrain. Comparativement aux autres programmes où c’est une exigence à plein temps, mes élèves ne passent pas beaucoup de temps dans leur travail sur le terrain. Cela peut donc être un inconvénient, car acquérir une compétence culturelle prend du temps. Cependant, même pendant cette courte période de temps, qu’ils soient dans leur propre communauté ou dans un environnement peu familier, les étudiants devraient chercher à en apprendre autant que possible sur leur lieu de travail sur le terrain afin d’accroître leur compréhension de ses besoins, évaluer les préoccupations potentielles en matière de sécurité, et bâtir une compétence culturelle. Cela peut se faire par des recherches (lectures sur la région et études des données démographiques), des conversations – avec les administrateurs ou les directeurs des établissements – sur les valeurs sociales et culturelles au sein de la communauté, et des échanges avec les participants.

3. La réceptivité communautaire. La connaissance de la culture et de la langue donne aux étudiants le privilège de facilement rassembler les gens et d’obtenir de meilleures réponses étant donné qu’ils ont une meilleure idée des gens avec qui ils travaillent. Peu importe à quel point les étudiants connaissent ou comprennent la culture ou la dynamique du lieu de travail sur le terrain, le risque d’incompréhension demeure. Les étudiants ne devraient pas ignorer ce risque et veiller à travailler en étroite collaboration avec leurs administrateurs d'établissements et d'organismes.

Les défis

Il y a un corpus littéraire limité disponible sur la manière de relever les défis du travail sur le terrain dans les programes en ligne. J’ai découvert que tant les enseignants que les étudiants éprouvent des difficultés dans la mise en pratique de ce processus. L’encadré 1 présente plusieurs défis qui surviennent dans les expériences de travail sur le terrain en ligne. La meilleure façon de les aborder sont une préparation et une planification soigneuses de la part de l’enseignant.

Préparation de l'enseignant au travail sur le terrain

Hobgood10, ainsi que Hornsby et Gray11 signalent que la préparation des cours en ligne exige plus de planification de la part de l’instructeur que ce qui est nécessaire pour des cours en présentiel. Des expériences de travail sur le terrain exigent également des préparations de la part de l’enseignant. Voilà quelques suggestions pour la préparation de l’enseignant :


  1. Établir des objectifs clairs. Hvenegaard suggère que les objectifs des affectations sur le terrain soient clairement énoncés et qu’ils soient alignés sur les résultats du cours. Il ajoute que « trop d’objectifs peuvent diluer l’expérience et frustrer les étudiants »12.
  2. Fournir des instructions et des attentes claires. Des attentes claires aident non seulement les étudiants à décider quand débuter le devoir, mais cela leur permet également de décider de faire de leur mieux pour mener à bien la mission, de prévenir la confusion et les malentendus qui peuvent être causes d’un rendement médiocre et de faibles notes.
  3. Choisir un site. Cela peut se faire à travers des agences partenaires ou en laissant les étudiants faire leur propre choix. D’après mon expérience, tout en laissant les étudiants choisir le lieu de leur travail sur le terrain, j’exige quand même qu’ils identifient plusieurs places ou agences potentielles. Puis, ils ont à prioriser cette liste et donner les raisons de leurs choix. Je me réserve, en tant que professeur, d’accepter ou de refuser les sites proposés. Les sites approuvés ont des buts clairement énoncés qui correspondent aux buts du cours ; ils sont supervisés par les administrateurs des établissements (hôpitaux, centres communautaires, agences gouvernementales, églises ou écoles) ; ont des protocoles de sécurité et du risque en place ; et peuvent héberger les étudiants pendant la période requise.
  4. Clarifier aux étudiants les questions d'éthique, de sécurité et de droit liées à la réalisation du travail sur le terrain. L’instructeur du cours doit s’assurer que les lieux de travail sur le terrain ont des lignes directrices en matière de déontologie et de sécurité. Des ressources documentaires telles que des manuels ou des guides des règlements peuvent servir à vérifier que les règlements sont en place. Des séances d’orientation et de formation peuvent servir de preuve que ces ressources ont été communiquées à toutes les personnes qui travaillent sur le site. Les étudiants devraient aussi être capables de fournir une attestation signée des protocoles. En plus de ce qui est communiqué au site du travail sur le terrain, les instructeurs du cours doivent discuter des questions éthiques, de sécurité et juridiques avec les étudiants. Comme les étudiants vont recueillir des données, faire des vidéos et mettre en œuvre des stratégies, ils devraient être conscients des règles de l’école quant à la collecte d’informations et l’obtention du consentement à l'utilisation de renseignements personnels d’autres personnes. Les enseignants devraient consulter l’avocat de l’école s'ils ne sont pas sûrs de ce qu'il faut inclure dans les discussions avec les élèves au sujet des questions juridiques.
  5. 5. Préparer une lettre de recommandation que l’élève présente à l’agence ou à la structure. Cette lettre présente l’étudiant à l’administration du site et devrait inclure les noms de l’école, de l’étudiant et du professeur ainsi que le courriel de ce dernier, ou d’autres informations de contact pour toute requête en relation avec le travail de l’étudiant. Cette lettre devrait aussi mentionner l’objectif du travail sur le terrain, ce que l’étudiant a l’intention de faire, les dates de début et de fin du travail, et les attentes de l’enseignant envers l’élève. L’administrateur de la structure, en retour, devrait être tenu d’approuver ou de rejeter la requête par écrit, et de l’adresser au professeur.
  6. Établir les protocoles de communication. Les instructeurs du cours et les responsables du site doivent décider de la façon dont ils vont communiquer en ce qui concerne le progrès de l’étudiant. Les protocoles – des visites virtuelles du site aux communications avec les superviseurs du site – doivent être mis solidement en place. Les responsables du site du travail sur le terrain doivent savoir quel genre d’accompagnement ils doivent effectuer pendant la période de travail sur le terrain, et comment communiquer avec l’instructeur du cours si les exigences ne sont pas respectées ou si un problème surgit. Certains peuvent choisir de fournir des rapports d’étape hebdomadaires signés, dont des copies peuvent être téléchargées au collège du Learning Management System (LMS). Les instructeurs de cours et les responsables de sites peuvent aussi planifier des visites virtuelles sur site par vidéo conférence ou communiquer par courriel. Ces interactions doivent être conservées en tant que documentation des progrès de l’étudiant. Les étudiants doivent aussi être mis au courant de la façon dont ils peuvent communiquer avec l’enseignant au cas où surviendraient des problèmes. La communication peut se faire par courriel, vidéoconférence ou sur le forum de discussion du LMS.
  7. Fournir des outils d’évaluation précis. Préparer un outil (grille) pour mesurer les attentes en matière de rendement pour l'expérience sur le terrain. Cet outil doit être expliqué aux étudiants et ils doivent le comprendre. Une grille d’évaluation peut être utile pour l’enseignant parce qu’elle fournit des critères d’évaluation clairs et objectifs et elle réduit les risques de biais de classement. La grille devrait être constamment mise à jour. Les instructeurs de cours devraient aussi donner aux superviseurs sur le site non seulement des copies de la grille mais aussi les lignes directrices du projet, et la grille d’évaluation du projet final. (Voir Tableau 1 pour un échantillon de ma grille de travail sur le terrain.)
  8. Fournir une rétroaction dans un délai raisonnable. La rétroaction est cruciale dans les cours en ligne car elle peut provoquer l’enthousiasme des élèves à l'idée d'accomplir leurs tâches et de participer activement à l'interaction en classe. Elle leur confirme également que l’enseignant est présent pour leur donner des conseils. Dans les cours en ligne, la rétroaction peut se faire de plusieurs manières : par courriels, vidéo conférences, chats via une plate-forme comme Skype ou FaceTime, ou les forums de discussion du LMS.
  9. Préparer la documentation et les lignes directrices de soumission. Préciser clairement comment les étudiants devraient documenter et soumettre les activités de travail sur le terrain. Cela pourrait inclure la préparation de modèles, formulaires et lettres types et de les rendre accessibles aux étudiants. Les lignes directrices des soumissions devraient inclure où, quand et comment soumettre les documents. Des dossiers de soumission spécifiques peuvent être créés sur le système LMS.
  10. Préparer un certificat de fin d’études qui doit être signé par la personne directement impliquée dans la supervision du travail de l’étudiant. Par exemple, si l’étudiant termine son travail sur le terrain dans un établissement scolaire, le directeur ou l’enseignant de la classe pourrait signer le certificat ; ou, si l’étudiant travaille dans une clinique locale, l’administrateur ou le chef de service pourrait le signer. Le certificat devrait inclure le moment, les dates de participation et les activités ou le programme mis en œuvre.

Préparation des étudiants en ligne pour le travail sur le terrain

Une expérience de travail sur le terrain agréable et réussie dépend non seulement de la préparation de l’enseignant mais aussi des étudiants qui assument la responsabilité de leurs apprentissages. Les étudiants doivent jouer un rôle actif et être responsables de la qualité de leur travail sur le terrain. L’enseignant devrait discuter avec les étudiants de leur rôle dans la réussite de leur travail sur le terrain.

  1. Développer des compétences en gestion du temps. Les étudiants doivent éviter la procrastination pour ne pas être surchargés vers la fin du cours. Ils doivent commencer à chercher une population cible aussi tôt que possible, faire un calendrier, et le suivre systématiquement.
  2. Se familiariser avec la technologie. Les étudiants doivent savoir précisément de quel genre de support technique ils ont besoin, et se le procurer. Ils devraient savoir comment utiliser la technologie pour documenter leur travail sur le terrain et soumettre leurs travaux. Il est essentiel qu’ils aient accès à une large bande passante ou une connexion Internet forte pour communiquer avec l’enseignant et les camarades de classe. Les étudiants devraient être conscients qu’il y aura des problèmes techniques, et ils doivent être prêts à les régler. Même si le collège ou l’université peuvent offrir un soutien technique aux étudiants en ligne, ces derniers ont quand même besoin d’avoir la capacité de résoudre les problèmes techniques. Par exemple, l’un des plus gros soucis de mes étudiants est la soumission de vidéoclips sur des sites de vidéos gratuits tels que YouTube qui a des restrictions de longueur de vidéo. YouTube permet la mise en ligne de vidéos dont la longueur n’excède pas 15 minutes. Les étudiants ont donc besoin de faire attention à la taille du fichier et la longueur des vidéos qu’ils envoient. Ils doivent être capables d’éditer, couper et minimiser la taille de leurs fichiers vidéo.
  3. Apprendre à collaborer. Le travail sur le terrain en ligne peut sembler être une tâche autonome, mais les étudiants doivent apprendre à collaborer efficacement avec l’agence ou l’établissement avec lesquels ils travaillent.
  4. Évaluer les risques pour la sécurité en collaboration avec le superviseur du site. Comme les étudiants travaillent dans des lieux à une certaine distance de l’école et de l’instructeur du cours, les superviseurs du site doivent aider les étudiants à identifier les risques pour la sécurité et procéder à une évaluation des risques dans la région où ils planifient de faire un travail sur le terrain. Ensemble, ils doivent identifier qui sera à risque, identifier les dangers potentiels, et créer un plan de sécurité qui comprend les actions à poser par l’étudiant, le superviseur du site ou l’instructeur du cours afin d’aider à minimiser ou éliminer les risques. Les coordonnées en cas d’urgence pour les étudiants, le superviseur du site, et l’instructeur du cours, ainsi que les administrateurs du programme, tant pour l’école que pour le site du travail sur le terrain, doivent être inclus, ainsi que la vérification des informations relatives à l’assurance, tant pour l’école que pour le site du travail sur le terrain.
  5. Explorer et aborder les questions éthiques avant de s’engager dans une activité dans chaque établissement. Comme le travail sur le terrain en ligne dans mon contexte signifie travailler dans un environnement qui n’est pas sous la supervision directe de l’enseignant, les étudiants ont la responsabilité de connaître et de se conformer aux règles de l’établissement qui édicte les pratiques éthiques. La plupart des sites de travail sur le terrain organisent une séance d’orientation, en tête-à-tête ou en groupe, pour les individus nouvellement arrivés dans l’établissement. Si tel est le cas, un document de déclaration de conformité signé vérifiant la connaissance de l’étudiant des règlements de l’établissement peut être téléchargé à partir du site du LMS. Tout comme ceux qui sont dans des classes traditionnelles en personne, les étudiants dans les cours en ligne doivent suivre la politique de « ne pas nuire ». Ils doivent se comporter de manière à ne pas porter atteinte à la réputation de l’école qu’ils représentent ou veiller à ne pas se mettre en danger ou de mettre d'autres personnes en danger (voir Encadré 2). Comme la nature du travail sur le terrain que je demande implique des êtres humains, les étudiants doivent aussi respecter la dignité de la personne qui y participe et préserver la confidentialité de l’information recueillie. On enseigne aux étudiants que les humains sont des enfants de Dieu, et c’est la raison pour laquelle ils doivent prendre toutes les précautions possibles pour protéger et conserver leur dignité. De plus, si les participants sont des mineurs, l’autorisation parentale est obligatoire. Chaque pays ou État a des lignes directrices précises pour la réalisation d'évaluations des risques, la protection des mineurs, et sur la divulgation de l'utilisation qui sera faite de l'information. Les instructeurs de cours doivent consulter le représentant légal de l’école pour s’assurer que ce qui est exigé ne mettra pas les étudiants en danger ou ne les amènera pas à être impliqués dans des poursuites judiciaires.
  6. Être conscient des obligations légales et faire preuve de jugement lors de la mise en place de programmes. Les étudiants doivent trouver des professionnels certifiés si leur travail sur le terrain exige un soutien professionnel ou des aptitudes particulières. Ces individus devraient être approuvés par l’instructeur du cours et l’administrateur du site. Les étudiants doivent s’assurer que le plan de mise en œuvre a été approuvé par le directeur du programme et le site du travail sur le terrain, et que les participants ont signé les formulaires de consentement éclairé avant que la mise en œuvre ait lieu. Pour plus d’information sur le consentement éclairé, voir les ressources fournies par Adventist Risk Management : https://adventistrisk.org/en-us/safety-resources/solutions-newsletter/why-are-consent-to-treatment-forms-important and Loma Linda University: https://researchaffairs.llu.edu/responsible-research/human-studies/guidelines-for-informed-consent.
  7. Être au courant de l'évaluation de l'activité de travail sur le terrain pour travailler en ce sens. En recevant la grille d’évaluation avant le début du travail sur le terrain, les étudiants pourront identifier les attentes du professeur et mesurer leurs propres progrès (voir Figure 1).

L’enseignant et les étudiants peuvent travailler ensemble à faire de l’expérience de travail sur le terrain une expérience enrichissante. Le tableau 2 présente un résumé des sept étapes qui m’ont aidée, et qui peuvent aider d’autres enseignants, à soutenir leurs élèves alors qu’ils naviguent dans le processus de mise en œuvre.

Conclusion

Certes, le travail sur le terrain en ligne présente des avantages mais il y a aussi des défis à relever : trouver un endroit convenable avec une supervision adéquate, réaliser des visites virtuelles des sites et communiquer avec leurs superviseurs, naviguer dans les protocoles de consentement éclairé, apprendre à gérer son temps en dépit de la flexibilité de l’enseignement en ligne, et maintenir l’enthousiasme face au projet constituent quelques-uns des défis que les étudiants ont à relever. La technologie peut aussi être problématique tant pour l’enseignant que les étudiants. La préparation de l’enseignant est souvent plus compliquée et plus longue que pour l’enseignement dans une classe traditionnelle, et observer le travail de l’étudiant alors que l’enseignant est physiquement absent sont aussi des défis à relever, même avec l’utilisation d’enregistrements vidéo en direct ou de streaming. Mais malgré tous ces défis, le travail sur le terrain peut se faire dans les cours en ligne aussi longtemps que l’enseignant et l’étudiant ont tous les deux accès à un ordinateur doté d'un accès Internet haute vitesse sans interruption, et le soutien coopératif des établissements et des agences communautaires qui participent au projet. En travaillant ensemble, les instructeurs du cours, les superviseurs des sites et les étudiants peuvent relever ces défis et s’assurer d’une expérience de travail sur le terrain réussie.


Cet article a été revu par des pairs.

Evelyn Villaflor-Almocera

Evelyn Villaflor-Almocera, MPH, M.D., est professeure agrégée au département de maîtrise en santé publique (MPH) du Adventist International Institute of Advanced Studies (AIIAS) à Silang, Cavite, Philippines. Elle a obtenu son MPH de l'AIIAS et son diplôme de médecine du Matias H. Aznar Memorial College of Medicine (Southwestern University) à Cebu City, Philippines. Depuis 2006, elle donne des cours en ligne avec des composantes sur le terrain. Le Dr Villaflor-Almocera est l'auteur du livre Healthy Foods, Healthy Lives, publié en 2017 par la Philippine Publishing House, et a écrit plusieurs articles pour le magazine Health and Home.

Référence recommandée :

Evelyn Villaflor-Almocera, Préparer les étudiants en ligne à s’engager dans des expériences de travail sur le terrain, Revue d’éducation adventiste. Disponible à https://www.journalofadventisteducation.org/fr/2019.81.2.4.

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Andreas Ulovec et coll., “Fieldwork as a Teaching Method―A Case Study Using GPS.”Une présentation à DynaMAT le 25 septembre 2013, à l’université Constantin le Philosophe à Nitra, Slovakie: C:/Users/AIIAS/Downloads/DYNAMAT_Scientia%20iuvenis_Book%20of%20Scientific%20Papers_2013-2%20(2).pdf.
  2. Glen T. Hvenegaard, “Making the Most of Fieldwork Learning Experiences” (7 août 2012): https://www.facultyfocus.com/articles/curriculum-development/making-the-most-of-fieldwork-learning-experiences/.
  3. Tim Hall, Mick Healey, et Margaret Harrison, “Fieldwork and Disabled Students: Discourses of Exclusion and Inclusion,” Transactions of the Institute of British Geographers 27:2 (juin 2002): 213-231.
  4. Ulovec et coll., “Fieldwork as a Teaching Method―A Case Study Using GPS.”
  5. James F. McKenzie, Brad L. Neiger, et Rosemary Thackeray, Planning, Implementing, and Evaluating Health Promotion Programs: A Primer, 6e éd. (New York: Pearson, 2017).
  6. Lisa M. Richardson a interviewé Betsey Gray, directrice de terrain à la School of Social Work de l'Université de la Nouvelle-Angleterre, et Elizabeth Pringle-Hornsby, coordonnatrice nationale sur le terrain du Virtual Academic Center à la School of Social Work de la University of Southern California. Voir Lisa M. Richardson, “Field Learning in Online Social Work Programs,” The Field Educator 2:1 (avril 2012): http://fieldeducator.simmons.edu/article/field-learning-in-online-social-work-programs/.
  7. Ibid.
  8. Sunita Barker et Charmine E. J. Härtel, “Intercultural Service Encounters: An Exploratory Study of Customer Experiences,” Cross Cultural Management 11:1 (mars2004): 3-14.
  9. Ronald L. Braithwaite et coll., “Community Organization and Development for Health Promotion Within an Urban Black Community: A Conceptual Model,” Health Education 20:5 (décembe 1989): 56-60.
  10. Bobby Hobgood, “Becoming an Online Teacher,” International Association for Distance Learning: http://www.iadl.org/uk/Aricle31.htm.
  11. Richardson, “Field Learning in Online Social Work Programs.”
  12. Hvenegaard, “Making the Most of Fieldwork Learning Experiences,” para. 3.