Gustavo Gregorutti

Les universités adventistes

et le classement souverain

Dans l’environnement toujours plus compétitif de l’enseignement supérieur, les universités adventistes ressentent une forte pression pour attirer plus d’étudiants. Alors qu’ils cherchent à se distinguer par des accréditations, des prix et les succès du corps professoral, un nouvel outil présentant un avantage concurrentiel est apparu : le classement. Divers nouveaux médias et sites internet classent les institutions américaines et internationales.

Cet article passe en revue ces classements, et quelques-unes de leurs conséquences pour les universités adventistes. Cette analyse cherche à répondre à deux questions fondamentales : premièrement, les classements mesurent-ils réellement la qualité ? Et deuxièmement, devrions-nous utiliser ces classements pour conserver ou accroître les inscriptions dans les institutions adventistes ? Répondre à ces questions peut avoir des conséquences stratégiques pour le renforcement de l’éducation supérieure adventiste.

Le classement souverain

Voilà deux décennies que la tendance à classifier et hiérarchiser l’éducation supérieure s’intensifie. Ces classements et catégorisations évaluent de nombreuses caractéristiques telles que la qualité du corps professoral, le coût, la diversité sur le campus, la localisation et les possibilités de recherche. Cette tendance a débuté aux États-Unis avec le U.S. News and World Report (USNWR) 1, puis d’autres systèmes de classement se sont répandus nationalement et internationalement. L’Institute of Higher Education de l’université Jiao Tong à Shangai, en Chine, a été le premier à lancer des comparaisons internationales – également connues sous le nom de classement de Shanghai – et à publier l’Academic Ranking of World Universities (ARWU). On peut aussi signaler le Times Higher Education Rankings (2004) et le QS Stars University Rankings (2010)2. Récemment, le U.S. News and World Report a aussi créé sa propre version d’universités de classe mondiale. L’organisation de ces classements varie en fonction des critères utilisés, mais la productivité en recherche demeure la principale mesure pour la majorité d’entre eux.

Ces classements ont eu une profonde influence et un impact global sur une gamme étendue de réactions3. Premièrement, on a présumé qu’ils mesuraient avec précision la qualité d’une université4. Deuxièmement, les institutions universitaires ont utilisé les classements pour faire leur propre promotion. Troisièmement, les décideurs ont utilisé les classements pour avancer des politiques, allouant un financement plus important aux institutions qui se consacrent à l’innovation afin de créer plus d’emplois5. Plusieurs politiques d’évaluation gouvernementales ont mis l’accent sur la productivité en recherche en tant que caractéristique définissant les universités prestigieuses qui aspirent à une importante position6.

Mais revenons à notre première question. Les classements actuels peuvent-ils être des outils valables pour évaluer la qualité d’une université ? Quelles sont quelques-unes des incohérences de ces classements ?

Les défis des classements actuels

Il est nécessaire de clarifier que les classements et l’évaluation sont des concepts différents, bien qu’ils soient interconnectés. Quand une université est évaluée, elle l’est d’après un ensemble de critères qu’une organisation, tel un organe d’accréditation, accepte d’utiliser pour un contrôle de la qualité. Les programmes de formation au sein d’une université ou dans l’ensemble des universités peuvent satisfaire les normes évaluées à des degrés différents le long d’un continuum de réussite et d’échec. Parmi les indicateurs d’évaluation, nombreux sont ceux qui sont qualitatifs, et donc visant à constamment orienter les institutions vers des visions plus complexes de la qualité. Les classements établissent également des indicateurs quantitatifs permettant les comparaisons d’institutions similaires. Ces repères sont regroupés dans un index pour classer les institutions sur une échelle qui peut aller, par exemple, de 0 à 100.

Certes, les classements peuvent être utiles pour déterminer la qualité de la performance régionale ou même internationale des institutions ; il n’en reste pas moins qu’ils sont controversés et loin d’être neutres. Quels genres d’indicateurs sont utilisés pour classer les universités ? Les tableaux 1 et 2 donnent une vue d’ensemble des paramètres et de leur pouvoir selon deux échelles de classement très influentes.

Dans le cas de l’ARWU (Tableau 1), la majorité des repères sont fortement associés à la recherche. Malheureusement, plusieurs études ont révélé de sérieuses incohérences dans la façon de choisir les critères7, ainsi que des inexactitudes dans certains indicateurs8. Le classement des universités peut être très différent selon les indicateurs et l’importance donnée à chacun. Le Times Higher Education Ranking et le QS Stars University Rankings sont aussi très orientés vers la recherche – elle est leur indicateur principal – mais ils ont également ajouté l’enseignement, entre autres facteurs.

Dans le contexte américain, le U.S. News and World Report comprend aussi un éventail de classements de premier cycle qui diffère de plusieurs façons des classements internationaux. Comme indiqué dans le tableau 2, la recherche n’est pas prise en compte dans le classement des institutions. La totalité du système de classement repose sur la réputation, la sélectivité, les ressources pour le corps professoral et les étudiants, l’obtention et la rétention des diplômes et les liens des anciens étudiants avec l’université.

Le choix et l’établissement d’indicateurs de qualité peuvent poser problème pour des modèles d’universités existants, les classements reflétant des modèles courants dans l’éducation supérieure mais qui peuvent ne pas correspondre à la mission de l’université. Il n’y a pas de mal à ce que cela soit présenté comme une option possible mais non comme « le » modèle pour la qualité de l’éducation postsecondaire.

1. Cela est-il possible pour tous ? Certes, les universités devraient favoriser et développer la recherche, mais toutes n’ont pas les ressources pour produire les journaux les plus cités et les plus sélectifs, ou avoir un corps professoral composé de lauréats du prix Nobel, cet objectif exigeant des institutions bien équipées et richement dotées. Cela est faisable pour les universités qui publient des livres savants ou divers journaux en anglais, possèdent des laboratoires et un équipement de recherche à la fine pointe de la technologie, qui attirent un large éventail des meilleurs chercheurs et étudiants nationaux et internationaux, et ont un puissant engagement institutionnel envers les sciences appliquées. Combien d’institutions correspondent à une telle description ? Aux États-Unis, pourtant un pays à l’avant-garde des classements, seules quelques universités peuvent réellement concourir pour les positions suprêmes9.

2. Qu’en est-il des modèles d’éducation différents ? Il existe des milliers d’institutions de formation qui ne développeront pas une mission orientée vers la recherche et les découvertes scientifiques. Est-ce incorrect ou déficient ? Tout dépend du modèle et des objectifs de l’institution. Les universités adventistes sont un bon exemple d’institutions dont les missions ne s’alignent pas tout à fait avec ce que les classements jugent crucial. Bien sûr, les universités de recherche jouent un rôle essentiel dans l’économie et le climat social contemporains. Mais on pourrait se demander s’il serait possible et raisonnable que toutes les universités adventistes se lancent dans des activités à forte composante de recherche. De plus, les classements tendent à favoriser l’isomorphisme institutionnel (comparaison des institutions entre elles). Ainsi, les universités qui ne cadrent pas avec ce modèle sont obligatoirement classées à un niveau inférieur10. Il s’agit là d’un problème majeur aux implications pratiques pouvant brouiller les objectifs de l’enseignement supérieur adventiste.

3. Qu’en est-il des autres indicateurs de performance ? Les classements les plus influents ne tiennent pas compte de l’engagement communautaire, des acquis d’apprentissage ni de l’influence des diplômés sur la société, pour ne mentionner que ces quelques aspects. Ce sont là de très importants éléments qui reflètent les missions des universités. Sans douter nullement que les universités soient des lieux de préparation de professionnels qui enrichiront leur discipline, celles-ci devraient aussi s’efforcer d’insuffler à leurs étudiants les valeurs qui transformeront leurs communautés, et les amélioreront non seulement grâce à des découvertes scientifiques mais aussi grâce à des innovations technologiques. Kronman11 soutient que la grande majorité des universités américaines a perdu la dimension du « sens de la vie ». Elles sont devenues des écoles de formation professionnelle et négligent d’autres aspects importants de l’éducation tels que l’inculcation de valeurs spirituelles et morales. De nombreuses institutions qui n’apparaissent dans aucun classement enrichissent leur communauté d’innombrables façons non répertoriées12. Par exemple, elles exercent une fonction égalitaire dans leur société en offrant aux étudiants pauvres et insuffisamment éduqués la possibilité de devenir des professionnels de classe moyenne. Comme de nombreuses autres petites institutions, les universités adventistes remplissent ce rôle.

Il faut nécessairement souligner que, dans de nombreux cas, les organisations qui affichent leur classement fonctionnent comme des entreprises. Par exemple, des magazines tels que le U.S. News and World Report vendent plus d’encarts publicitaires, bénéficient de plus de visibilité et attirent plus de financement extérieur tout en retenant l’attention des étudiants, des parents et des universités. Les institutions cherchent à se démarquer. Les parents et les étudiants préoccupés par le coût des frais de scolarité qu’ils auront à payer, cherchent des indicateurs leur permettant de prendre la meilleure décision ou, selon l’expression souvent employée, faire le meilleur investissement. Les professionnels des classements le savent et travaillent dur pour répondre à ces inquiétudes. Les stratégies semblent fonctionner, du moins pour le moment.

Les universités laïques assimilent la littérature et la connaissance à des approches matérialistes, et par conséquent les directives données par les livres sacrés tels que la Bible ont été négligées à la suite de la concentration sur les arguments scientifiques et humanistes.

Comment réagir ?

Que peuvent faire les universités adventistes pour faire face à ces stratégies de poids ? Pour répondre à ces demandes croissantes de preuves de qualité, il importe que l’on mette les classements en perspective et que l’on examine comment ils affectent réellement les institutions au niveau 1) des décisions des étudiants et 2) de la stratégie institutionnelle.

Les décisions des étudiants. Récemment, l’American Council of Education (ACE) a publié une étude détaillée13 qui permet d’observer différents modèles de processus de décisions chez les étudiants. Cette étude peut être utile aux universités pour développer des stratégies proactives. Voici un résumé de quelques conclusions clés :

1. Le genre et le nombre d’étudiants qui utilisent les classements. Le rapport montrait que selon certaines études antérieures, les classements étaient importants pour les étudiants de familles riches d’ascendance américaine d’origine asiatique dont les parents avaient un diplôme universitaire. Ces étudiants étaient très performants, s’inscrivaient dans plusieurs institutions, et avaient davantage tendance à fréquenter des universités sélectives. Cette étude confirme que les institutions sélectives et riches attirent les étudiants qui correspondent à leurs critères.

Cependant, dans une étude récente cherchant à déterminer jusqu’à quel point les classements ont de l’influence, le Higher Education Research Institute de l’université de Californie (UCLA) à Los Angeles, a révélé que seulement environ un quart des étudiants avaient affirmé que les classements étaient importants à leurs yeux. De plus, le rapport de l’ACE citait plusieurs études montrant que des 70 pour cent des étudiants performants qui avaient vérifié les classements, seulement la moitié avait pris sa décision en se basant sur ceux-ci. Il semble donc que ce n’est pas la majorité des étudiants les plus doués qui guident leur choix d’après les classements hautement visibles.

2. Qu’est-ce qui oriente les décisions des étudiants ? Les classements et le prestige, bien sûr, ont une influence. Par contre, le rapport de l’ACE souligne que les aspirations scolaires, l’engagement et la communication avec les parents, les pairs, les réseaux, ainsi que l’aide financière offerte par les universités, sont importants, et qu’ils influencent le processus de décision des étudiants dans le choix de leur inscription. Cela est également vrai pour les étudiants à faible revenu qui représentent un pourcentage significatif de ceux qui décident de s’inscrire dans de nombreuses universités adventistes14. Selon cette étude, ce groupe était davantage susceptible de prendre une décision et de s’inscrire dans une école en se fiant au soutien de sa famille, aux conseillers scolaires du secondaire, aux représentants d’universités et à l’information glanée dans des publications et sur les sites Web. Pour ce groupe, le coût et le lieu étaient des facteurs essentiels dans le choix d’une université. Cela était aussi vrai pour les étudiants à faibles revenus mais ayant de grandes facilités intellectuelles, en provenance de divers milieux culturels et raciaux. Il semble que la disponibilité de l’information et une forte communication avec les futurs étudiants ont été les éléments au centre de leur choix de s’inscrire dans un programme.

Bref, comme l’affirme le rapport de l’ACE : « En se basant sur les nouvelles données récemment mises à jour du Higher Education Research Institute (HERI), les classements ne constituent pas pour les étudiants un facteur déterminant dans la décision de fréquenter telle ou telle institution, et le sont encore moins pour les étudiants de familles à faibles revenus. La participation de la famille et ses encouragements, les pairs et autres réseaux, et les ressources fondées sur l’école et sur l’institution d’enseignement supérieur, ainsi que celles qui sont semi-personnalisées, constituent des influences plus marquantes15. »

Sans aucun doute, les classements aident les institutions, dans une certaine mesure, à attirer et à admettre des étudiants. Cependant, comme mentionné plus haut, il y a d’autres facteurs importants qui peuvent exercer une influence beaucoup plus grande. Et c’est cela qui peut donner aux universités adventistes une lueur d’espoir.

Une stratégie institutionnelle. Quelle est la valeur de ces classements pour l’éducation adventiste ? De quelle façon les universités peuvent-elles en tirer avantage ? Pour réfléchir à ces questions, les institutions ont à leur disposition au moins trois perspectives assez larges, à savoir : 1) accepter les classements comme une juste mesure de qualité ; 2) rejeter les classements comme non pertinents ; 3) les évaluer soigneusement et se servir de leurs résultats autant que possible. Les première et deuxième options sont le signe d’un manque de compréhension de la façon dont les classements fonctionnent et influencent les gens et les institutions. La troisième option permet une approche plus sage. Cela signifie qu’alors que les universités ne sont pas nécessairement d’accord avec tous les indicateurs et le bilan global, elles peuvent quand même les utiliser comme outils de commercialisation. Les écoles peuvent ainsi améliorer leur classement ou leur position en adoptant une stratégie proactive pour promouvoir certains indicateurs qui sont alignés avec leur mission institutionnelle. Par exemple, améliorer les taux d’obtention et de rétention des diplômes (voir tableau 2) est un important facteur d’évaluation dans l’USNWR mais il représente aussi un résultat très positif pour tout établissement. On peut dire la même chose des dons annuels des diplômés et de l’expansion de la recherche. D’autres indicateurs comme la sélectivité sont plus sujets à controverse. Par exemple, aux États-Unis, toutes les institutions veulent avoir les meilleurs étudiants possibles, mais une sélection sur la base des résultats ACT/SAT n’est pas nécessairement juste. Des pratiques alternatives et complémentaires peuvent donner de meilleurs résultats sur le long terme si le but est de servir la communauté adventiste. En bout de ligne, il s’agit d’un choix institutionnel.

Un autre moyen pratique d’utiliser ces classements avantageusement est que les institutions mettre en avant, dans des brochures ou sur leurs pages internet, des aspects d’un programme classé ou primé qui sert de vitrine aux caractéristiques uniques de leur institution. Cela peut aussi être utile pour les écoles qui n’arrivent pas à figurer dans les premières positions au moyen d’un système de classement. Il est également utile d’utiliser différents types de classements tirés d’un large éventail de critères de qualité. En d’autres mots, ce qui ne se voit pas ici peut se voir là-bas.

Les universités peuvent également développer des stratégies non conventionnelles pour « contrebalancer » certaines des perceptions négatives nourries par les classements. À partir de leur page internet ou dans des brochures promotionnelles, les institutions peuvent présenter la façon dont les classements sont mis au point et les critères utilisés pour évaluer la qualité. Cela permet alors d’expliquer et de promouvoir les atouts inhérents à l’enseignement supérieur adventiste. Certaines institutions peuvent faire de cela leur stratégie clé, et l’appeler la stratégie « des critères de qualité additionnels » pour les étudiantspotentiels. Voici quelques-uns des points sur lesquels les écoles pourraient mettre l’accent :

1. L’objectif. La mission de l’éducation adventiste est non seulement de préparer des individus pour le succès en matière d’emploi et la réussite financière mais aussi de leur inculquer une vision du monde chrétienne. L’enseignement adventiste ne rejette pas la dimension spirituelle de l’enseignement parce qu’elle est difficile à mesurer scientifiquement. Non, il expose les étudiants à toutes les facettes de la réalité et cherche à développer des personnes bien équilibrées qui épousent une vision du monde biblique acquise à travers des expériences telles que les services de chapelle, des séminaires, des services religieux, des cultes d’adoration, des petites classes et une attention personnalisée de la part des professeurs. Pour que les étudiants acceptent et décident d’intégrer dans leur vie les enseignements bibliques, ils ont besoin d’entretenir une relation personnelle avec Dieu. Le but ultime de l’éducation adventiste est la rédemption. Dans ce processus de développement du caractère, les jeunes adoptent des valeurs qui auront une influence sur leurs pratiques professionnelles ultérieures et sur leur style de vie. En conséquence, les écoles adventistes offrent à leurs étudiants des directives concernant l’intégration de leurs valeurs personnelles et professionnelles. Ainsi, le but de l’enseignement adventiste peut être assimilé à aider les étudiants à développer une vision du monde qui influence la totalité de leurs dimensions personnelles et professionnelles. Les universités publiques cherchent elles aussi des façons d’influencer leurs étudiants, mais elles se concentrent sur des approches humanistes qui mènent à une insistance démesurée à l’idée que la recherche et les produits professionnels sont l’avenir des étudiants et de la société. L’enseignement supérieur adventiste offre une différence significative !

2. Le programme. Les universités laïques assimilent la littérature et la connaissance à des approches matérialistes, et par conséquent les directives données par les livres sacrés tels que la Bible ont été négligées à la suite de la concentration sur les arguments scientifiques et humanistes. Pourtant ces ouvrages devraient être étudiés en tant que source de sagesse pour la vie. Dans l’université adventiste, le programme allie la science et la foi de façon complémentaire plutôt que d’exclure une quelconque source d’information légitime. De plus, la foi est assimilée à tous les sujets enseignés dans le programme, ce qui offre aux étudiants de multiples occasions de grandir dans leur compréhension de la façon dont la foi a un impact sur leurs décisions et leurs choix. La participation à des activités universitaires et périscolaires renforce la la relation personnelle de l’étudiant centrée sur Dieu. Cette approche aide l’étudiant à devenir plus sage. Elle influence sa vie personnelle et sa croissance professionnelle. Ellen White a insisté sur cette notion en disant : « La force de notre université est de conserver l’élément religieux en plein essor16. » Par leurs programmes, les universités adventistes ont la possibilité de créer des environnements où les étudiants font l’expérience du renouvellement de leur jugement, et peuvent croire et agir en se basant sur des idées bibliques grâce à une relation personnelle avec Dieu.

3. L’enseignement. Les membres du corps professoral jouent un rôle clé non seulement à travers leur enseignement, mais aussi à travers leur exemple de vie personnelle en tant que chrétiens engagés. Les professeurs doivent ainsi incarner la mission institutionnelle afin d’éviter d’envoyer des messages doubles aux étudiants qui cherchent des modèles de référence basés sur des exemples vivants. Ils devraient être des mentors et des conseillers de leurs étudiants tout au long de leurs processus d’apprentissage, les aidant à s’ajuster à la vraie vie et les encourageant à donner leur cœur à Christ. En même temps, ces professeurs devraient être des professionnels très respectés qui contribuent à la communauté professionnelle et universitaire à laquelle il appartiennent, et encouragent l’excellence universitaire chez leurs étudiants.

4. Les étudiants. La plupart des étudiants reconnaissent le besoin d’une dimension spirituelle dans leur vie et désirent l’enrichir par des interactions avec leurs enseignants, leurs amis, et par des activités périscolaires telles que les services de chapelle et les cultes d’adoration que leur université offre. L’enseignement supérieur permet aux étudiants de revoir leur compréhension des besoins personnels et professionnels, et de s’adapter à de nouveaux défis. Tout cela se passe dans le cadre du champ de la discipline choisie et enrichit leurs futures performances professionnelles. Les étudiants devraient quitter l’université avec un sens clair de leur mission personnelle basée sur une vision du monde biblique et un engagement de servir à l’intérieur de leurs professions. Avec un tel bagage, les diplômés auront une colonne vertébrale morale essentielle pour la société et l’économie actuelles, mais ils seront aussi engagés dans le mandat évangélique17.

5. L’interaction avec la culture. Les universités adventistes doivent s’efforcer de se positionner en tant qu’avocats régionaux, nationaux et même internationaux d’une vision proactive du paradigme qu’ils embrassent. En générant des changements positifs chez les étudiants et dans les communautés, les universités deviennent des organisations qui ont une influence scientifique et sociale. Au final, ces institutions deviennent une contre-culture qui cherche à orienter toutes les dimensions de l’activité humaine.

Tout ces points marquent quelques-unes des véritables contributions que la plupart des universités adventistes ont, et peuvent avoir, et que, souvent, les étudiants potentiels et les concitoyens ne saisissent pas. Ainsi, avec des exemples et des cas illustrant leurs « critères de qualité additionnels », les institutions peuvent démontrer plus efficacement leur valeur.

Dernière réflexion

Le nombre de classements augmente et ces comparaisons affectent les universités adventistes partout dans le monde. Par contre, il apparaît aussi que les institutions peuvent mettre au point leurs propres modèles et stratégies pour attirer de nouveaux étudiants. La pression pour céder au conformisme est forte. Elle peut dénaturer les paradigmes essentiels et la mission qui sous-tendent la raison d’être d’une université comme celles que l’Église adventiste gère18. Il est nécessaire de démontrer explicitement comment les classements peuvent être de puissants outils de commercialisation stratégiques pour toucher de furturs étudiants. Le plus grand défi pour les universités adventistes est peut-être de savoir précisément comment faire face aux pressions pour s’harmoniser avec les tendances dominantes tout en restant pertinentes sans compromettre leurs caractéristiques fondamentales.

Cet article a été revu par des pairs.

Gustavo Gregorutti

Gustavo Gregorutti, PhD, est professeur de leadership et d’enseignement supérieur à l’université Andrews, Berrien Springs dans l’État du Michigan, aux États-Unis. G. Gregorutti a enseigné et travaillé en tant qu’administrateur dans plusieurs pays à différents niveaux de l’éducation adventiste. Son agenda de recherche comprend des questions telles que la productivité en recherche universitaire, les labels de qualité et les études comparatives en enseignement supérieur. Il a écrit plusieurs articles, chapitres et livres, et prépare actuellement un deuxième doctorat en enseignement supérieur à l’université Humbolt à Berlin. Son adresse courriel est : [email protected].

Référence recommandée :

Gustavo Gregorutti, “Les universités adventistes et le classement souverain,” Revue d’éducation adventiste 41:1 (Janvier–Mars, 2017). Disponible à https://www.journalofadventisteducation.org/fr/2017.2.6.fr.

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. U.S. News and World Report (USNWR) a débuté son classement annuel des collèges universitaires dans les années 1980. Pour plus d’informations, voir : “About U.S. News & World Report,” U.S. News & World Report, http://www.usnews.com/info/features/about-usnews?int=a60f09.
  2. Times Higher Education World University Rankings and QS Stars University Rankings étaient associés mais ils se sont séparés en 2010, et QS Stars a lancé son propre classement.
  3. Simon Marginson et Marijk van der Wende, “To Rank or to Be Ranked: The Impact of Global Rankings in Higher Education,” Journal of Studies in International Education 11:3–4 (automne/hiver 2007): 306–29, doi: 10.1177/1028315307303544.
  4. E. Anthon Eff, Christopher C. Klein, et Reuben Kyle, “Identifying the Best Buys in U.S. Higher Education,” Research in Higher Education 53:8 (décembre 2012): 860–87, doi: 10.1007/s11162-012-9259-2.
  5. Andrejs Rauhvargers, Global University Rankings and Their Impact: EUA Report on Rankings (Brussels: European University Association, 2011).
  6. Anthony F. J. van Raan, “Fatal Attraction: Conceptual and Methodological Problems in the Ranking of Universities by Bibliometric Methods,” Scientometrics 62:1 (2005): 133–43.
  7. Robert B. Archibald et David H. Feldman, “Graduation Rates and Accountability: Regressions versus Production Frontiers,” Research in Higher Education 49:1 (février 2008): 80–100, doi: 10.1007/s11162-007-9063-6; John F. Burness, “The Rankings Game: Who’s Playing Whom?” The Chronicle of Higher Education 55:2 (septembre 2008): A80; James E. Eckles, “Evaluating the Efficiency of Top Liberal Arts Colleges,” Research in Higher Education 51:3 (mai 2010): 266–93, doi: 10.1007/s11162-009-9157-4.
  8. Mu-Hsuan Huang, “A Comparison of Three Major Academic Rankings for World Universities: From a Research Evaluation Perspective,” Journal of Library and Information Studies 9:1 (juin 2011): 1–25.
  9. Ellen Hazelkorn, Rankings and the Reshaping of Higher Education: The Battle for World-Class Excellence, 2nd ed. (Basingstoke, GBR: Palgrave Macmillan, 2015).
  10. Gustavo Gregorutti, Following the Path from Teaching to Research University: Increasing Knowledge Productivity (Newcastle, UK: Cambridge Scholars Publishing, 2011).
  11. Anthony T. Kronman, Education’s End: Why Our Colleges and Universities Have Given Up on the Meaning of Life (New Haven, CT: Yale University Press, 2007).
  12. 12Pour plus de détails, voir : “Top Colleges for Producing Graduates Who Make the World a Better Place,” The Washington Post, 11 septembre, 2014, https://www.washingtonpost.com/news/rampage/wp/2014/09/11/top-colleges-for-producing-graduates-who-make-the-world-a-better-place/?utm_term=.e954a45f99a1.
  13. Le Cooperative Institutional Research Program (CIRP), une division du Higher Education Research Council, a mené l’enquête empirique, nationale, longitudinale la plus complète sur l’enseignement supérieur américain, rassemblant les données de plus de 1900 institutions, 15 millions d’étudiants, et plus de 300 000 professeurs depuis 1973. Lorelle L. Espinosa, Jennifer R. Crandall, and Malika Tukibayeva, Rankings, Institutional Behavior, and College and University Choice Framing the National Dialogue on Obama’s Ratings Plan (Washington, DC: American Counsel on Education, 2014).
  14. Ibíd., 2.
  15. Ibid.
  16. Ellen G. White, Testimonies for the Church, vol. 5 (Mountain View, Calif.: Pacific Press Publishing Association, 1889/1948), 14.
  17. George R. Knight, “Adventist Education and the Apocalyptic Vision, Part II,” The Journal of Adventist Education 69:5 (été 2007): 4–9.
  18. Gustavo Gregorutti, Following the Path.